Banques et bonus, c'est reparti comme en 40 !
Après une période d'accalmie, ''c'est reparti comme en 40 !''. 75% d'augmentation du variable pour le patron de la Société Générale Frédéric Oudéa à 1 million 130.000 euros pour 2012, +40% (1 million 6) pour le Directeur général de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé... Pour ce qui est des traders de l'ensemble des trois principales banques de la place parisienne (la Générale, BNP et Crédit Agricole), les rémunérations, bonus compris, ont augmenté en moyenne de 17%. Seule exception : le directeur du Crédit Agricole, Jean-Paul Chifflet, qui voit son variable baisser de 50%, résultat de l'annus horribilis que vient de traverser la banque verte en affichant pour 2012 une perte de 6 milliards et demi d'euros.
Mais, autant qu'on se souvienne : l'année n'a pas été vraiment meilleure pour la Société Générale...
Ses bénéfices ont plongé de plus de 67% l'an dernier et la banque vient d'annoncer un plan d'économie de 900 millions d'euros d'ici 2015 avec la suppression d'un millier de postes. De quoi renforcer aux yeux de beaucoup le caractère indécent de la progression du bonus du patron, sauf à considérer comme recevables les arguments avancés par l'établissement.
Quels sont ces arguments ? *
Une partie de la rémunération convertie en action mais gelée sur trois ans, et puis surtout le respect des objectifs fixés en matière de renforcement des fonds propres et de réduction des risques. Autrement dit, à l'heure où il faut appliquer les accords internationaux de Bâle III sur la solvabilité des banques, on ne parle plus tant de résultat que d'objectifs structurels à atteindre. L'évolution de la rémunération repose désormais plus volontiers sur des critères qualitatifs qu'uniquement quantitatifs. En clair, même si les bénéfices sont en baisse, le comité de rémunération et le conseil d'administration de la banque peuvent reconnaître que l'année 2012 a permis de remplir les objectifs fixés, donc le salaire du patron augmenter... CQFD.
Ces arguments ne sont-ils pas difficilement acceptables par l'opinion ?
Il y a une lecture morale et une lecture économique. Indécent, certes, quand on demande à tout le monde de se serrer la ceinture et que l'emploi sert de variable d'ajustement pour réaliser des gains de productivité. En réalité, la montée en puissance des critères qualitatifs est volontairement mise en place pour limiter les risques : les dirigeants de banque sont incités à privilégier une stratégie de long terme plutôt que de court terme, strictement actionnariale. Si on schématise, on peut dire que dans le contexte actuel encore incertain en Europe, sécuriser l'entreprise est préférable à de bons résultats. La pilule des bonus est quand même dure à avaler.
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