Au revoir "réforme" de l'Etat, bonjour "modernisation"
C'est un document très critique sur la forme, beaucoup plus nuancé sur le fond, et très avare en propositions concrètes. Le rapport reconnaît que l'objectif budgétaire fixé par Nicolas Sarkozy a été quasiment rempli avec 12 milliards d'économies réalisées à ce jour (sur les 15 prévues entre 2007 et 2013), mais que cela s'est fait : au détriment du dialogue avec les agents de l'Etat ; à une vitesse beaucoup trop rapide qui a poussé à négliger le traitement de fond de certains dossiers ; en ayant un recours trop nombreux et trop coûteux à des consultants externes (on est monté jusqu'à 65 millions d'euros de frais de rémunérations de cabinets privés pour la seule année 2009). Dans son ensemble, la démarche a été perçue comme un signe de défiance vis à vis de l'administration. Bilan critique, donc, mais dans les conclusions, on lit qu'il faut finalement achever les mesures en cours. Dans certains cas, les stabiliser.
Donc le rapport appelle à la poursuite de la réforme Sarkozy ?
Il est écrit en toutes lettres, pages 57 : qu' ''un retour en arrière pourrait s'avérer plus pénalisant pour les agents, les services et les usagers''. On nous explique que l'action menée depuis 2007 n'est pas géniale mais que si on change, on risque de déstabiliser l'édifice et les hommes qui vont avec. Donc, que fait-on ? Et bien on ne réforme plus l'Etat, on le modernise. C'est la nouvelle sémantique. Pour le reste, c'est très vague ! Le rapport suggère de mobiliser la capacité de proposition des agents, d'entrer dans un processus cyclique de revue des politiques publiques, de rendre les ministères pleinement responsables. Mais une fois que vous avez dit cela, vous n'avez rien dit !
Sur quoi pouvait-on attendre les inspecteurs des finances ? *
Sur quelques questions concrètes : faut-il revenir sur l'autonomie des universités qu'a initiée Nicolas Sarkozy ? Faut-il revoir les cartes hospitalière ou judiciaire ? Faut-il revenir sur le remplacement d'1 fonctionnaire sur 2 ? Aucune réponse. Une chose est sûre : moderniser l'Etat est vital pour l'économie qui imprègne notre quotidien. Dans un monde de plus en plus complexe et exigeant, l'Etat doit adapter ses modes de fonctionnement et se mettre au service de ses acteurs, conseiller tous les opérateurs de la société : des entreprises confrontées à la mondialisation galopante, aux collectivités locales à travers une décentralisation intelligente. Où en est, par exemple, le projet d'agence de financement des collectivités pour faciliter leurs investissements ? Les élus aimeraient de tous bords aimeraient bien le savoir. Comme aime à le rappeler un ancien ministre : la réforme de l'Etat, on en parle depuis 150 ans et Napoléon... on en parlera encore probablement dans 150 ans.
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