Après l'affaire EADS, faut-il liquider les "stocks" ?
Une stock option, c’est un droit d’acheter une action à un prix fixé d’avance. Si la société se développe et que le cours progresse, celui qui en détient peut exercer ce droit puis revendre ses titres dans la foulée, en empochant le gain. Le problème identifié chez EADS c’est un délit d’initié : 2 000 cadres auraient vendu des actions au prix fort parce qu’ils avaient une information qui leur permettaient d’anticiper sur une baisse du cours. Dans cette affaire, les stock-options ne sont que l’instrument du délit présumé. Elles ne sont pas la cause de l’affaire EADS. Leur suppression n’en serait donc pas le remède. En revanche, on voit que ce système est de plus en plus contesté parce qu’il est un puissant moyen de gonfler les rémunérations des dirigeants et qu’il bénéficie, en plus, d’une fiscalité avantageuse. Le produit des stock-options représente en moyenne 40% de la rémunération des patrons des 120 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Paris. Ca peut être beaucoup plus : aux 7 millions d’euros de salaire du PDG de l’Oréal en 2005 s’ajoutaient 17 millions en valeur de stock options. On est sorti peut à peu de l’objectif initial des stock-options qui étaient d’aider les petites sociétés en forte croissance, les start up des nouvelles technologies, à attirer des cadres de talents qu’elles ne pouvaient pas rémunérer autant que des grandes entreprises. Ironie de l’histoire : c’est la gauche, aujourd’hui très critique, qui a fait voter entre 97 et 2001, les allègements d’impôts sur les stock-options.
Aujourd’hui, beaucoup de Français sont choqués par l’ampleur des gains tirés de ces stock-options. Peut-on moraliser le système sans le supprimer ?
Dans un premier temps, le gouvernement a l’intention de renforcer leur taxation, la Cour des comptes ayant fait remarquer qu’on pouvait générer 3 milliards de recettes supplémentaires pour financer la sécurité sociale. Mais il doit aussi tenir compte de la compétition internationale entre les entreprises, qui joue aussi sur leurs politiques salariales. Plutôt que de liquider les stocks, ce qui reviendrait à jeter le bébé avec l’eau du bain, mieux vaudrait en réserver tous les avantages aux PME en forte croissance. C'est-à-dire revenir à la philosophie initiale du système.
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