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Alstom, la nécessaire restructuration

Alstom a publié ce matin ses résultats pour l'année écoulée, des bénéfices en baisse qui prouvent sa nécessaire restructuration alors que General Electric et Siemens lorgnent sa branche énergie.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Avec un résultat net positif de 556 millions d'euros pour
l'année écoulée, l'entreprise reste bénéficiaire mais ce bénéfice recule de 28%
sur un an, et ce pour un chiffre d'affaires stable de 21 milliards d'euros.
Donc, au final, l'entreprise gagne moins d'argent !

Alstom continue de souffrir du faible niveau de commandes de nouvelles centrales thermiques avec une demande atone dans les pays matures
et qui ralentit dans les émergents. Concrètement, les commandes sont en baisse
de 10%.

Pas de surprise : Alstom ne versera pas de dividendes à
ses actionnaires au titre de 2013.

La branche énergie a le plus souffert de la crise

Ces chiffres confirment le besoin urgent pour Alstom de
se restructurer. Cette restructuration qui est engagée avec le bal des
prétendants à la reprise de l'activité énergie du groupe : General
Electric et Siemens... peut-être d'autres d'ici fin mai. La
branche énergie d'Alstom est celle qui a le plus souffert de la crise et surtout de la mutation du marché des nouvelles turbines centrales à charbon,
sauf en Asie et en Chine. Mais là-bas, le groupe est fortement concurrencé par
les locaux comme Shanghaï Electric.

Et puis il y a la dette importante, face à une trésorerie
réduite comme peau de chagrin. La marge opérationnelle d'Alstom, c'est-à-dire
la performance de l'entreprise, ce qu'il reste notamment une fois les impôts
payés, cette marge ressort à environ 7%. Trop faible quand on doit rembourser
entre 650 et 700 millions d'euros par an d'emprunts obligataires jusqu'en 2020.

Poursuivre le plan d'économie

Et maintenant ? Deux axes principaux : la poursuite du plan
d'économie et, à terme, le plan de restructuration avec adossement à un
partenaire étranger.

Le plan d'économie. Patrick Kron l'a dévoilé en novembre
dernier : 1.300 suppressions d'emplois dans la branche énergie en
Europe ; réduction des coûts d'un milliard et demi d'euros par an jusqu'en
2016 et cessions d'actifs pour récupérer environ 2 milliards.

La profonde restructuration. Elle est en train de se
préparer et qui aboutira de toutes façons au démantèlement du groupe. Le rapprochement
avec Siemens aurait l'avantage de construire un grand acteur européen mais au
prix d'une casse sociale sans précédent du fait des doublons dans la branche
transports.

Laisser General Electric monter à bord ? 

Face à cela : François Hollande et Arnaud Montebourg
confirment leur hostilité au projet General Electric, tout comme l'éventualité
d'une montée de l'Etat au capital d'Alstom.

Une des solutions pour l'Etat serait pourtant de faire
comme avec PSA Peugeot Citroën : le chinois Dongfeng est monté au capital
du constructeur automobile et l'Etat a pris une participation dans l'entreprise
pour verrouiller l'affaire. Pourquoi ne pas envisager, aussi, une minorité de
blocage du même acabit dans Alstom, en laissant General Electric monter à bord
du navire ?

Le conseil d'administration d'Alstom a jusqu'à fin mai
pour étudier les offres. Mais comme n'a cessé de le rappeler Patrick
Kron ces derniers mois : ''Le chemin de la stratégie basée sur l'autonomie
est devenu risqué et dangereux''
. La cause est désormais entendue.

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