Agriculture française : combat pour la compétitivité

Nous parlons souvent de la fermeture des petites exploitations, et des difficultés financières qui poussent chaque année de nombreux paysans au suicide, mais beaucoup moins de cette France rurale qui continue à tenir son rang malgré l'arrivée de la Roumanie et la Pologne.
Si nos exportations agricoles sont loin derrière celles des Etats-Unis ou du Brésil, la production française devance aujourd'hui celle de l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne.
Agriculture, pêche et industrie agro-alimentaire, ce sont 5% de l'emploi dans l'hexagone avec près d'un million et demi de salariés.

Dans quels domaines résiste-t-on le mieux ? *

La tendance est constante depuis 30 ans : les petites exploitations disparaissent au profit de structures de plus grande taille (le mouvement s'est accéléré ces dernières années : en 2000, la France comptait 660.000 exploitations. Elles n'étaient plus que 450.000 en 2010).
Les céréaliers se taillent toujours la part du lion, même si leurs revenus ont baissé ces derniers mois.
Il y a surtout le machinisme agricole dont la fabrication de tracteurs. Géolocalisation intégrée, traçabilité informatique des cultures... on sait produire haut de gamme à haut valeur ajoutée technologique.
La France est devenue "LA" zone d'implantation pour les constructeurs japonais, américains et allemands.

Savoir-faire français ?

La France est le pays où l'on vient produire de bonnes machines capables de répondre à la forte demande des pays émergents. Dernier exemple en date : le groupe AGCO et ses célèbres Massey-Fergusson flambants rouges vient d'investir 15 millions d'euros dans une deuxième usine à Beauvais en Picardie. La région soutient les programmes d'amélioration de l'efficacité énergétique des tracteurs.
Autre exemple : le japonais KUBOTA vient de choisir Dunkerque dans le Nord pour produire 3000 tracteurs par an avec 140 emplois à la clef, sans compter le groupe allemand CLAAS qui a ouvert une nouvelle ligne de tracteurs dans son usine du Mans dans la Sarthe.
Seule ombre au tableau : le manque de main d'œuvre qualifiée. Paradoxe français : alors que les usines automobiles ferment à tour de bras, le machinisme agricole est toujours à la recherche de 5 à 6000 ouvriers et ne trouve pas.

La loi d'avenir de l'agriculture qui est débattue en ce moment à l'Assemblée peut apporter des réponses ?

Le projet de loi ambitionne de renforcer justement la compétitivité des différentes filières avec un tournant vers l'agro-écologie pour sortir progressivement de l'agriculture productiviste.
Le texte dont le vote est prévu le 14 janvier aborde le statut des exploitations, la question du foncier, des normes, de réglementation et de coût du travail.
Les écologistes dénoncent un manque d'objectifs chiffrés mais le ministre de l'Agriculture, Stephane Le Foll, affiche sa détermination à l'heure où le maintien de la PAC (Politique Agricole Commune) est loin d'être acquise pour la France.