Cet article date de plus de treize ans.

AAA, une question de timing

STANDARD AND POOR'S a annoncé hier soir qu'elle était susceptible de dégrader, d’ici trois mois, la note de l'ensemble des pays de la zone euro, y compris ceux qui bénéficient du "triple A" dont la France et l'Allemagne. Le calendrier semble jouer un rôle important dans cette annonce.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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L'information tombée hier soir peu avant 22h30 était en fait connue par les principaux intéressés depuis le matin même. La réglementation impose aux agences de notations de prévenir les gouvernements au moins 12 heures avant publication de leur avis. Autrement dit, au moment de leur déjeuner et de leur conférence de presse hier à Paris, la Chancelière allemande Angela MERKEL et le Président de la République Nicolas SARKOZY avaient l'information. Officiellement, il n'y a aucune relation de cause à effet mais, paradoxalement, alors qu'elle est tant décriée, la menace de dégradation pourrait servir la cause défendue par le couple SARKOZY/MERKEL. Ils veulent réformer le Traité européen pour introduire plus de discipline budgétaire en amont et le respect d’une règle d’or des finances publiques sous peine de se voir infliger des sanctions automatiques... pas très engageant, certes... et bien la menace de Standard and Poor's met la pression sur les pays pour qu'ils acceptent ces conditions... l'agence de notation précise d'ailleurs qu'elle prendra sa décision définitive après le Conseil européen prévu jeudi et vendredi à Bruxelles.

Justement : tous les Etats vont-ils accepter de jouer le jeu ?... les nouvelles règles peuvent-elles être, réellement, adoptées à la majorité ?

Le contraire serait étonnant car, si l’on regarde plus loin que le seul débat franco-français qui est de savoir si Nicolas SARKOZY a mangé son chapeau face à une chancelière allemande toute puissante, objectivement : tout le monde à intérêt à jouer la discipline. Dans le cas contraire, c’est la mise à l’écart assurée et la nécessité d’en assumer, à terme, les lourdes conséquences. Même des pays comme la Finlande ou la Slovaquie (qui avaient pourtant traîné des pieds pour mettre en place du Fonds Européen de Stabilité Financière) peuvent difficilement dire non aujourd’hui. On pourrait même avoir quelques surprises en voyant des pays hors zone euro comme la Lettonie, la Lituanie ou la Pologne, demander à adhérer à ce système considéré comme protecteur.


Vous semblez bien optimiste Emmanuel !*

Je suis d’un optimisme prudent, je vois donc un point d'achoppement : la fiscalité. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL se sont bien passés de le mettre en avant. Cela viendra un jour ou l’autre car la fiscalité est l'un des moteurs de l’intégration du marché unique. Le rêve d’une fiscalité commune. Mais sortir ce sujet des cartons maintenant reviendrait à agiter le chiffon rouge devant les anglais, les irlandais et les suédois. Donc, on verra plus tard... mais c'est reculer pour mieux sauter. Avançons déjà sur qui est faisable ensemble… c’est ce que propose le couple franco-allemand : valoriser les atouts du marché unique. Viendra ensuite un autre chantier, tout aussi important : celui d’une vraie politique de croissance et de relance.

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