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Tout euro, tout éco. Vers la fin de Schengen ? Et l'ère du chacun pour soi ?

On ne relocalise plus, la mesure est arrivée à son terme cette semaine. On revient effectivement au chacun pour soi.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Frontière franco-espagnole, La Jonquera- août 2017 (RAYMOND ROIG / AFP)

La commission européenne vient de lever l’obligation de relocaliser les réfugiés dans les pays européens, en même temps qu’elle autorise les pays à revenir aux contrôles aux frontières durant une période de 3 ans, dans des cas de danger spécifique. Autant d’annonces qui ont l’air de revenir à l’ère du chacun pour soi.

Cette relocalisation décidée par les 28 est un fiasco 

Elle n’a concerné qu’un quart des 120 000 personnes à relocaliser dans les États européens. Les pays du groupe de Visegrád, Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque s’y étaient violemment opposés.

La Cour de Justice de l’Union européenne leur avait pourtant donné tort dans leur refus qui mettait à mal la solidarité européenne. Mais ils viennent de l'emporter et aujourd’hui, c’est l’accord avec la Turquie qui a fait baisser de 97% le nombre d’arrivés en Europe. Et côté commission, on fait donc un très gros rétropédalage.

La peur des nationalismes

Cette montée des nationalismes, notamment dans l'ancien bloc de l'Est, est effectivement générée par cette crise des migrants. Le dernier avatar est le score de l’extrême droite en Allemagne. Cet évènement hautement symbolique, pour un pays au passé que l’on connaît, et qui avait ouvert ses portes très brièvement fin 2015 à un million de migrants, a sans doute été aussi un électrochoc pour  la commission. Du coup, Bruxelles change de tactique et propose une réinstallation sur la base du volontariat des États.

11 États se sont déjà proposés pour réinstaller 14 000 personnes. Le nouveau programme a démarré début juillet. L’Union a prévu de financer la mesure à hauteur d’un demi-milliard d’euros et veut accueillir 50 000 migrants venus directement d’Afrique, pour éviter les naufrages en Méditerranée.

La commission espère aussi renvoyer au bercail un million et demi de personnes. Aujourd’hui 4 réfugiés sur 10 sont renvoyés chez eux, un taux encore trop bas selon Bruxelles.

Le retour des frontières

La commission propose aussi aux États de pouvoir rétablir leurs contrôles aux frontières pendant 3 ans, au lieu de 6 mois en cas de menace sérieuse. Pour les 6 pays qui les ont rétablis, la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, le Danemark et la Norvège, cela devait s’arrêter en novembre pour revenir à un fonctionnement normal. Ça n’en prend pas le chemin.

L’Europe patauge aussi à réformer les accords de Dublin qui renvoient un migrant dans le premier pays européen où il a mis les pieds. L’Union demeure incapable de se pencher sur la question de ses frontières, incapable aussi de se mettre d’accord sur une politique migratoire commune. Elle préfère aujourd’hui laisser les pays se  débrouiller seuls, voire se replier sur eux-mêmes. Cette libre-circulation qui fait partie de son ADN, sera-t-elle prête demain à la passer par pertes et profits, alors même que la crise des migrants et le terrorisme lui ont offert de vraies opportunités de bouger les lignes. On se pose la question.      

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