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Tout euro, tout éco : Macron, roi de l’Europe ?

"Emmanuel Macron, roi de l’Europe", c’était le titre, cette semaine, du journal allemand le Tagesspiegel.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron, le 13 décembre dernier à La Celle-Saint-Cloud. (CITIZENSIDE/FRANCOIS PAULETTO / CITIZENSIDE)

La chance sourit à Emmanuel Macron

C'est vrai, la chance sourit au président français, qui a déjà surfé sur une vague de dégagisme lors de l’élection française et qui profite aujourd’hui d’une grande absente sur la scène européenne : l’Allemagne.
Le magazine Time voyait déjà Emmanuel Macron comme le prochain leader de l’Europe. Et sept mois à peine après son arrivée au pouvoir, au son de l’hymne européen, le président français a été choisi il y a huit jours à Aix-la-Chapelle, comme lauréat du prestigieux prix Charlemagne pour "sa vision forte d’une Europe nouvelle". Prix qu’il recevra en mai prochain.

Le président français a non seulement une vision, mais aussi, déjà, des résultats puisqu’il a obtenu un accord sur le travail détaché, arraché avec les dents en allant voir chacun des 23 des 27 chefs d’État européens. Quant à sa vision européenne, présentée devant la jeunesse à la Sorbonne, avec un budget et un ministre des finances de la zone euro, ainsi qu’une gouvernance économique commune, si elle n’a pas encore séduit tous les Européens, loin s’en faut, elle a au moins le mérite d’exister dans une Europe à courte vue, jusqu’ici occupée à gérer les crises successives.

L’absence de la "Patronne"

La femme la plus puissante du monde, Angela Merkel, et son pays l’Allemagne, sont aux abonnés absents. Le gouvernement pourrait bien ne voir le jour qu’à Pâques, ou à la Trinité, au sens propre du terme. Pour l’instant, les Libéraux très opposés aux propositions Macron, sont évincés. Reste la solution de la Groko, une nouvelle grande coalition avec le SPD, ou la KOKO, la coalition de coopération, dans un gouvernement minoritaire soutenu au cas par cas.

C’est avec les sociaux-démocrates que les discussions ont recommencé. Martin Schulz, leur chef de file, a posé ses conditions : voir la zone euro dotée d’un budget et d’un ministre européen des finances. Il plaide même pour des États Unis d’Europe et se positionne contre un dictat de l’épargne, une allusion non déguisée aux politiques d’austérité de ces dernières années. Là encore, la chance sourit à Emmanuel Macron, car si les sociaux-démocrates reviennent au sein du gouvernement allemand, ils seront ses meilleurs alliés.        

Macromania au Parlement européen aussi ?

Cet engouement gagne même le Parlement européen, et le mouvement qui soutient Macron a même un nom : "Refondation européenne". Il compte déjà 70 membres venus de 21 pays différents, aux dires de son initiateur, Gilles Pargneaux, député européen pourtant  proche de Martine Aubry. Jusque- là "En Marche" n’avait pas d’assise à Strasbourg mais plutôt des sympathies notamment pour son initiative de conventions démocratiques transnationales sur l’avenir de l’Europe.

On verra si la venue du président français, annoncée en début d’année, soulève l’enthousiasme des parlementaires. Car Emmanuel Macron ne fédère pas tout le monde, loin s’en faut. À Bruxelles, Jean-Claude Juncker, le président de la commission, a lui aussi une vision de l’avenir, mais à minima. Il veut transformer le Mécanisme Européen ( MES )en Fonds Monétaire, ouvrir dans le budget de l’UE une ligne pour la zone euro et avoir un super ministre européen des Finances. Ça ressemble à du Macron, mais c’est loin d’être aussi ambitieux. Quant à la Pologne qui entraîne l’Est avec elle, elle plaide pour la coopération au coup par coup, entre pays demeurés souverains, et ne veut pas être laissée pour compte. Elle est bien loin des vues du président français. La bataille de la réforme de l’Europe ne fait que commencer.

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