Tout euro, tout éco. Maastricht 25 ans après
Il y a 25 ans, le 7 février 1992, les Européens signaient le traité de Maastricht qui allait aboutir à la création de la monnaie unique. Un quart de siècle après, l’Europe n’a toujours pas pris la mesure de son poids économique dans un monde plus que jamais en mutation.
Théo Waigel, l’ancien ministre des finances allemand est toujours en vie. Ses critères, objets de tous les débats en 1989, ont certes été adoptés par les Européens lors de la signature du 7 février 92, mais ils sont toujours au cœur de leurs discussions. A l’origine du sérieux budgétaire que nous devons respecter en Europe, ils constituent ce qui a conduit à la création de l’Euro. Ils sont notre bible depuis 25 ans.
Rappelez-vous : un déficit budgétaire qui ne doit pas dépasser les 3% du PIB, une dette contenue à 60 % et une inflation maitrisée à 2 %. Mais depuis un quart de siècle, les pays du Sud, la France au porte-monnaie trop généreux et même l’Allemagne ont eu bien du mal à s’y tenir. Et la crise de 2008 les a rendus quasi impossible à appliquer pour certains quand elle a profité à d’autres. Maastricht a ôté aux dirigeants européens une part de souveraineté sur leur budget. Un quart de siècle après, ça n’est toujours pas digéré.
L’éternel débat sur l’austérité
Le week-end dernier à Lisbonne, les pays de l’Europe du Sud, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, Chypre, Malte et la France se sont réunis une nouvelle fois pour demander l’assouplissement de ces fameux critères et relancer la croissance, c’est-à-dire la dépense. Des dirigeants dont les pays ont pourtant ratifié Maastricht. L’Italien Gentilini a plaidé pour une application plus souple des règles budgétaires pour favoriser la croissance. L’Espagnol Rajoy a estimé que règles étaient faites pour être respectées mais aussi appliquées intelligemment.
L’Europe ne peut s’empêcher de se montrer divisée tandis qu’autour d’elle le monde devient inquiétant, en raison du repli américain et britannique mais aussi de la montée des populismes. C’est d’ailleurs toute l’économie mondiale qui se demande de quoi demain sera fait, une inquiétude que les Européens n’ont toujours pas pris, ensemble, à bras le corps.
25 ans de pas comptés
Un quart de siècle après sa ratification, Maastricht est toujours un traité incomplet sur l’intégration budgétaire, fiscale et sociale de l’Union, sans gouvernement économique de la zone euro. Les chefs d’États et de gouvernement européens en parlent mais sont devenus très frileux, échaudés par le non, puis le oui danois au Traité, refroidis par le même scénario, en 2005, le non français et néerlandais à la Constitution européenne, tétanisés par la crise, débordés par l’afflux de réfugiés.
Trop de coups sur la tête et toujours une élection quelque part ont empêché l’Europe d’avancer plus vite. Les cartes de l’économie sont en train d’être rebattues, il serait temps que les Européens prennent conscience de leur force : ils représentent un quart de l’économie mondiale, un demi-million de consommateurs potentiels et 20 % de la population mondiale, ce n’est pas rien.
Il serait temps que l’Europe cesse d’avoir des discussions du siècle dernier pour s’atteler à préserver notre prospérité, de notre modèle social et de notre sécurité qu'il faut continuer à pouvoir financer.
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