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Tout euro, tout éco. Défense européenne : du mythe à la réalité ?

Devant la percée des populismes partout en Europe, tous les dirigeants de l’Union ou presque ont conscience que l’Europe qui protège, fait cruellement défaut.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le général de division Christian Millotat (G), commandant le Wehrbereichskommando II de Munich, le général de corps d'armée Malbec (C), gouverneur militaire de Metz, officier général de la zone de défense Est et le général de division Lahl, commandant le Wehrbereichskommando IV de Munich se serrent la main après la signature du protocole franco-allemand de coopération transfrontalière, le 22 janvier 2003. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Devant la percée des populismes partout en Europe, tous les dirigeants de l’Union ou presque ont conscience que l’Europe qui protège, fait cruellement défaut. Et la commission estime que c’est le moment ou jamais pour parler "Europe de la sécurité et de la défense". Elle a présenté des propositions cette semaine.

Défense et sécurité : une nécessité

La commission phosphore autour de l’avenir de l’Europe et ces sujets, défense et sécurité, font partie des réflexions. Le monde change autour de l’Europe. L’élection de Trump, le Brexit, la montée des populismes et les lignes de fractures creusées par la crise dans l’Union ont fait bouger les lignes. Le soft-power de l’économie, de la diplomatie et de l’aide aux pays les plus pauvres ne suffisent pas à contrer toutes les menaces face à des États-Unis qui se défilent et remettent le rôle de l’Otan en cause, face à une Russie agressive, et face au terrorisme qui plonge nos capitales et grandes villes dans le deuil. Pour le commissaire européen Pierre Moscovici, on est sorti de l’ère de paix et de stabilité. Cette fois-ci, c’est la bonne : il faut une Europe de la sécurité et de la défense.

Vers une armée européenne ?

Pas tout à fait. L’Europe de la défense avec une armée européenne, c’est un projet que l’Union, que la France même, a enterré en 1957. Depuis, on en a beaucoup parlé, mais on n’a guère avancé avec cet embryon d’armée que représente le corps franco-allemand et un mini-QG à Saragosse, et encore.

Non, là il s’agit de se mobiliser et de ne pas s’éparpiller. Car les États ont tous baissé leurs budgets de 11% en moyenne, durant ces 10 années de crise.
227 milliards dépensés en Europe contre plus du double aux États- Unis. Et chacun joue la partition pour soi. Avec 178 systèmes d’armes différents en Europe quand les USA n’en ont que 30, 17 modèles de char de combat chez nous contre 17 aux USA, 29 types de frégate contre 4 outre-Atlantique, et 20 types d’avion contre 6, c’est un catalogue à la Prévert. La facture des doublons, des duplicatas et du gaspillage s’élève à 25 à 100 milliards d’euros par an.

Dépenser mieux, ensemble

Il s’agit d’abord de rationaliser les dépenses. Avec plusieurs scénarii pour le futur qui commencent par un renforcement de la coopération actuelle entre États, notamment pour les projets industriels.
Le deuxième scénario consisterait à avoir une sécurité et une défense partagée, pour gérer les crises, contrôler les frontières, ou protéger des infrastructures critiques.
Le troisième, ce serait une sécurité et défense commune qui complète l’Otan, bref presque une défense européenne. Et comme l’argent est le nerf de la guerre, la commission crée un fonds européen de défense dans le domaine de la recherche et de l’industrie. Doté de 250 millions par an jusqu’en 2020 et un demi-milliard ensuite, ce fonds devrait booster la recherche, le développement et l’industrie.

Si vis pacem, para bellum, si tu veux la paix, prépare la guerre, et ça, ça se fait avec de … l’argent. La stratégie, ça vient après.

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