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Tout euro, tout éco. Brainstorming sur l’avenir de l’Euroland

Fragilisée par des crises successives, l’Europe est en panne de croissance solide et voit ses disparités s’accroitre.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
carte des pays de la zone euro au moment de l'entrée de la Lituanie en 2016 (EUROPEAN COMMISSION)

Fragilisée par des crises successives, l’Europe en panne de croissance solide, voit ses disparités s’accroître, notamment entre le Nord et le Sud. Pourtant en France, les citoyens ont choisi un président résolument européen décidé à faire bouger les lignes. Et la Commission européenne lui emboîte le pas en publiant cette semaine des pistes pour réformer sinon l’Europe, au moins la zone Euro.

La Commission se donne huit ans pour réformer l’Euroland

Un travail de longue haleine qui consisterait à rapprocher davantage les pays entre eux via la solidarité c’est-à-dire l’aide à ceux qui vont le moins bien mais aussi la responsabilité, c’est-à-dire le respect des règles et les réformes qui vont avec. Elle veut renforcer l’union bancaire dans les deux ans qui viennent, pour éviter une nouvelle crise et notamment pour en finir avec les créances douteuses de certaines banques.

La commission propose aussi au citoyen lambda de garantir au niveau européen ses dépôts jusqu’à 100 000 euros. Elle veut renforcer l’union économique et budgétaire, c’est-à-dire aplanir les trop grandes disparités économiques et sociales entre les pays. Dans ce projet, l’Eurogroup prendrait davantage d’importance, la Commission envisage la création d’un Trésor pour gérer ces outils économiques et financiers et la création d’un fond européen de stabilité pour aider ponctuellement un pays en difficulté. Mais ce ne sont que des propositions que les 19 devront examiner et qui sont loin de mettre tout le monde d’accord.

Rien de nouveau sous le soleil

Ces pistes ne sont pas nouvelles puisqu’elles s’appuient sur un rapport vieux de deux ans déjà, celui des cinq présidents, Commission, Parlement, Banque Centrale, Conseil et Eurogroup. Ils préconisaient alors un ministre des finances de la zone euro, un Parlement de la zone euro et surtout un budget de la zone euro, transformation du mécanisme européen de stabilité qui permettrait de venir en aide aux pays en difficulté. Mais ce budget transformerait l’Union en une Union de transferts entre riches et pauvres dont la simple idée effrayait les Allemands il y a peu, et qui aujourd’hui pourraient vouloir se montrer plus souples mais dans le respect des règles budgétaires.

Pour renforcer cette union bancaire et budgétaire, la commission, elle, envisage un fonds commun de la dette qui va sans nul doute faire aussi dresser les cheveux sur la tête des Allemands, pour lesquels il n’est pas question de payer pour les autres. Depuis deux ans que les propositions des cinq présidents sont sur la table, certaines de leurs pistes, remises au goût du jour aujourd’hui, n’ont pas avancé d’un pouce.

20 ans de surplace

Réformer l’Europe, l’idée remonte à 1994, avec les propositions de  Karl Lammers et Wolfgang Schäuble pour une meilleure intégration politique. En 2000 Joschka Fischer dressait le portrait d’une Europe fédérale. Il y a donc eu aussi en 2015 ce rapport des cinq présidents des institutions de l’Union, puis un livre blanc de la Commission en mars dernier. Depuis 20 ans, l’Europe a donc dépensé beaucoup de matière grise à essayer de se réinventer mais aucune énergie à le faire.

La Commission est-elle d’ailleurs la mieux placée pour proposer l’avenir. On en doute car si, depuis le Brexit, l’appartenance à l’Union européenne reprend des couleurs au sein de l’Union, il n’y a qu’1/3 des Européens qui fait confiance à la Commission. Pour faire bouger les lignes, faudra-t-il s’appuyer davantage sur les groupes de travail comme celui constitué entre la France et l’Allemagne? Peut-être. En tout cas, c’est le moment ou jamais de montrer au citoyen une Europe lisible et qui protège. Un rendez-vous à ne pas manquer.

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