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L'aéroport de Berlin et le gaspillage des fonds européens

Il devrait être en service depuis 2010, l'aéroport international de Berlin vient de voir son ouverture reportée sine die cette semaine en raison d'une nouvelle malfaçon. Il appartient à une longue liste d'aéroports financés à perte par les fonds de l'Union européenne.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Aéroport de Berlin-Brandebourg-International)

En marge du scandale des voitures diesel chez Volkswagen, il en existe un autre en Allemagne: celui de l’aéroport de Berlin-Brandebourg-International, on pourrait d’ailleurs l’appeler le fantôme de Berlin. C’est une histoire qui fait rire toute l’Allemagne, une sorte de vaisseau fantôme au milieu des champs, en lisière de la capitale allemande, construit pour remplacer au sud-Est l’ancien aéroport international de l’ex-RDA que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Schoenefeld ainsi que Tegel au nord ouest. Cet aéroport devrait être en service depuis 2010. Son inauguration a été repoussée 4 fois. En 2012, c’était sûr, il allait ouvrir, les cartons d’invitation avaient été lancés, les trajets des avions déjà recalculés. Et puis 15 jours avant, le flop total. La sécurité incendie n’était pas aux normes. Depuis, le projet tombe de Charybde en Scylla. Les entreprises se sont envolées avec les plans, le chantier ne trouve pas de repreneur, le maire de Berlin en a perdu son mandat, mis en cause comme président du conseil d’administration, des entreprises sont poursuivies pour pots de vin, l’une d’entre elles condamnée, et les coûts s’envolent. On est passé de 1, 7 milliards à 5 aujourd’hui. Dernière ouverture prévue : fin 2017.

**De nouvelles malfaçons  **

Et ça ne sera toujours pas le cas, puisque c’est reporté sine die. Nouvelle découverte cette semaine:  le plafond du hall principal est trop lourd. De toute façon, cet aéroport international est déjà sous dimensionné. Il doit recevoir 27 millions de passagers par an mais cette capacité est déjà dépassée par le trafic actuel dans la capitale allemande. Il manque aussi de comptoirs d’enregistrement et de tapis à bagages. Bref, certains se disent qu’il serait plus simple de le raser et de le reconstruire ailleurs. Willy Brandt, dont le nouvel aéroport portera aussi le nom, doit se retourner dans sa tombe. La deutsche Qualität, ça n’est plus ce que c’était .

Le gaspillage des fonds européens

Ce scandale de l’aéroport de Berlin-Brandebourg n’est pas le seul. La cour des comptes européenne a déjà publié il y a 6 mois  un rapport selon lequel l’Europe, qui finance celui de Berlin à hauteur de 2 milliards et demi, a investi des millions dans d’autres aéroports fantômes. La cour a passé au crible les 666 millions d'euros  que l’Europe a dédiés à des aéroports régionaux en Estonie, en Grèce, en Italie, en Pologne et en Espagne entre 2000 et 2013. 38 millions de fonds de cohésion auraient été attribués a des aéroports régionaux qui ne sont pas utilisés du tout. 225 millions ont été utilisés pour des aéroports beaucoup trop grands comme à Cordoue, en Espagne où l’on attendait 180.000 passagers alors que seuls 7.000 y ont transité. Comme Cordoue, Badajoz, Burgos, La Palma et Vigo en Espagne, Crotone en Italie et Kastoria en Grèce doivent leur survie à leur mise sous perfusion de fonds publics. Pour la période 2014-2020, la commission européenne a promis d’être beaucoup plus prudente dans l’octroi de ces aides et demandera aux États de les justifier. Elle a promis  de réfléchir aussi aux besoins nationaux et internationaux des États membres afin de ne pas créer de surcapacité. L’affaire est à suivre.

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