De l'air pour les banques grecques
Souvenez-vous de ce fol été où la Grèce était près de la sortie de la zone euro. Le pays était asphyxié, les banques à sec, des milliards quittaient le pays, une quarantaine en six mois, les particuliers ne pouvaient quasiment plus retirer d’argent, les entreprises n’arrivaient plus à honorer leurs commandes, les capitaux étaient strictement contrôlés et le sont aujourd’hui encore, bref l’économie grecque s’était arrêtée.
Il fallait des réformes mais surtout de l’aide et de l’aide financière pour renflouer ses banques. Dans les 86 milliards d’euros décidés en juillet pour aider la Grèce, 10 ont déjà été octroyés aux banques par le biais du fonds hellénique de stabilité, et d’autres subsides vont donc arriver maintenant. Jusque-là, les banques grecques ont vécu de l’aumône faite par la BCE via les fonds d’urgence, les fonds ELA. Cette situation n’était pas faite pour durer. C’est déjà la troisième recapitalisation et l’Europe n’avait pas l’intention de faire un chèque en blanc.
Les crash-tests ont fait depuis l’été une revue de détail des banques grecques. Ces tests, nos banques les ont aussi passés, c’était en 2014, la BCE était à la manœuvre. Il s’agit de regarder de près ce que font les banques grecques, et en particulier celles qu’on appelle les banques systémiques, celles dont la disparition aurait des conséquences sur le système bancaire européen comme la banque nationale de Grèce, Eurobank, Alpha et la banque du Pirée.
Sans cette recapitalisation, c’est l’épargne des grecs qui aurait renfloué les banques. Comme cela s’est passé à Chypre quand on a taxé les dépôts des petits épargnants pour faire rentrer de l’argent dans les coffres des banques chypriotes. Autant dire que si la Grèce avait dû en arriver là, cela aurait été dramatique pour une économie déjà très malade et cela aurait ruiné tous les efforts du gouvernement Tsipras qui respecte visiblement l’accord de juillet sur les réformes à la lettre.
Il s’agit pour la Grèce non pas seulement de sauver ses banques mais de permettre aussi à l’activité économique de reprendre un cours normal avec des prêts, des investissements aux entreprises, il s’agit de lui donner la chance de pouvoir se développer parallèlement aux privatisations que le pays conduit et aux réformes de ses dépenses publiques. Cela fait partie de l’accord signé en juillet, et sans reprise d’une vie économique normale, autant dire que l’on reparlerait de la crise grecque dès aujourd’hui. L’accord de juillet court sur trois ans, la Grèce n’est pas encore en convalescence, le malade reste encore sous surveillance médicale.
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