Brexit, le grand brouillard
Ce Brexit n’est pas qu’une catastrophe dans le monde de la finance et de l’économie, ça n’est pas qu’une claque pour David Cameron qui a joué avec les allumettes à des fins de politique intérieure, c’est aussi une grosse claque pour l’Europe telle qu’elle est depuis 10 ans, depuis le référendum sur la constitution européenne.
Crise après crise, depuis 2008, l’Europe n’a fait que courir derrière toutes les catastrophes, la crise économique, la crise des banques, la crise de l’Euro, la crise grecque, la crise des réfugiés et aujourd’hui le Brexit. Elle a mis à chaque fois des mois à apporter des réponses en laissant de plus en plus le champ libre à une Allemagne, le plus gros contributeur au budget européen dont l’économie n’a cessé de se renforcer.
Et comme chacun sait, quand on a le porte-monnaie dans la main, on devient d’emblée le décideur. Sauf que Merkel, dont la culture européenne est mince et qui est européenne par raison, a d’abord pensé à défendre ses propres intérêts. Quant à la sortie de la Grande Bretagne, rien n’est prévu à part la lettre que David Cameron devra remettre au conseil européen pour signifier sa sortie. On entre dans des négociations et une crise qui vont durer des années.
L’Europe en panne
L’Europe est en panne depuis 10 ans, aucun projet n’a été mis sur la table qui soit de nature à enthousiasmer les foules, comme l’ont été le passeport européen, la libre circulation ou encore l’Euro.
L’Europe règle les problèmes de normes à n’en plus finir, les fonctionnaires européens laissent pourtant passer les questions d’optimisations fiscales des grandes entreprises, semble sans moyen quand il s’agit de surveiller les frontières, personne ne veut lâcher sa souveraineté sur les frontières extérieures, le plan Juncker qui devait relancer la croissance a disparu des écrans radars, pour tout dire sur les 315 milliards qu’il devait lever, on en est à un tiers.
La Grèce nous a fait encore une crise l’été dernier et continue d’être écrasée sous la rigueur budgétaire. Merkel a décidé seule d’ouvrir les frontières aux réfugiés et seule de passer un deal avec la Turquie pour contenir les migrants. Le citoyen moyen n’y comprend rien. Mais Bruxelles ne fait qu’appliquer des décisions prises par des dirigeants européens sans vision, repliés sur leurs intérêts nationaux.
Quel projet européen aujourd'hui ?
Oui, car les conséquences du Brexit devraient en principe précipiter les choses. Des bourses et des banques en chute libre, des monnaies qui coulent comme la livre, des places financières déstabilisées, des conditions de sortie sur le sort des députés, du commissaire et de la contribution britannique non définis, des accords commerciaux devenus flous et un avenir économique incertain de chaque côté de la Manche, la panique suscitée par le Brexit va secouer le cocotier européen.
Il y a nécessité à remettre un peu de solidarité et de démocratie dans l’Europe, il y a urgence à définir ses frontières, à mettre en place une politique d’immigration commune qui les protège davantage. Il y a urgence aussi à voler au secours non seulement de l’économie européenne qui va souffrir mais aussi du volet social.
Bref, ce que montre le Brexit, c’est d’abord, l’absence d’Europe et le manque de courage des dirigeants européens à imaginer l’Europe du XXIe siècle. Courir à Berlin pour éteindre l’incendie c’est bien, mais il aurait sans doute fallu d’abord le prévenir. Sans doute l’Europe telle qu’elle a été conçue, pacifique, union économique avant tout et ultra libérale, L’Europe de l’après-guerre a sans doute vécu.
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