Banques italiennes : chronique d’une catastrophe évitée
Ça n’est pas rien, on parle de 200 milliards d’euros qui fragilisent les banques italiennes avec des conséquences sur le crédit, l’investissement et donc la relance de nos voisins transalpins. L’affaire est passée presque inaperçue mais elle aurait pu raviver les pires craintes d’une nouvelle crise bancaire au cœur de la zone euro. L’accord avec la commission européenne a été un accouchement au forceps.
Un an de négociations très tendues et de bras de fer avec l’Allemagne pour arriver finalement à soulager les banques de ses créances douteuses en les mettant, non pas dans une seule bad bank, mais dans plusieurs, gérées individuellement et dont seules les créances les moins pourries seront garanties par l’État. Cet accord a tellement enthousiasmé les marchés que la bourse de Milan a dégringolé de plus de 3 % en cette fin de semaine, l’accord tout juste signé, traduisant une inquiétude quasi intacte quant à la santé du secteur bancaire italien.
Ces créances douteuses, ce sont essentiellement des crédits non remboursés par les entreprises et les ménages durant la période de récession de 2012-2014. Du coup, les banques fragilisées ne peuvent plus prêter et cela ralentit la reprise italienne. Ces créances douteuses sont d’ailleurs exponentielles en zone euro, 1 000 milliards d’euros depuis 2009 dont 40 % se situent en Italie, dans un paysage bancaire très fragmenté. 685 établissements en tout dont certains sont peu viables. Et ce, bien que le gouvernement réforme les banques coopératives et populaires.
Climat tendu en ce moment entre Rome et l’Europe qui accuse l’Italie de mettre trop lentement en place les hot spots pour trier les migrants, de refuser sa participation au fonds destiné à la Turquie pour les garder sur son sol, en but à une procédure d’infraction pour n’avoir pas relevé les empreintes de milliers d’entre eux, accusée d’avoir accordé une subvention déguisée à l’aciérie Ilva, la plus grande d’Europe au moment où l’acier chinois inonde le marché, accusée d’avoir un budget 2016 hors des clous.
Trop c’est trop, pour le ministre italien des affaires européennes qui a même menacé la commission de saisir la cour européenne de Justice si Bruxelles continuait à prendre des décisions contraires aux intérêts italiens. Renzi qui était hier à Berlin se plaint, dans une interview, de la prééminence du couple franco-allemand et ne veut plus aller outre Rhin "le chapeau à la main ". Fort de ses deux ans à la tête du pays et des réformes qu'il a initiées, Renzi réclame toujours, mais un peu seul, une autre politique budgétaire plus flexible mais il n’oublie non plus de flatter un électorat italien qui devient, comme dans beaucoup de pays d’Europe, de plus en plus eurosceptique.
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