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Philippe Druillet : "Je suis né fils de collabo"

Philippe Druillet, dessinateur de BD, artiste culte, fondateur de Métal Hurlant avec Moebius et Dionnet, vient de publier deux ouvrages qui secouent : une BD et un autoportrait.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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La BD est une réédition de l'originale de La Nuit , consacrée à la mort, et à la mort de sa femme de l'époque : Nicole.  "Je m'étais dit si la bande dessinée était devenue adulte, on avait le droit de parler de la mort. " Celle de sa femme a été très dure à surmonter. "On ne survit pas, on est foutu à vie. Il y a un combat entre l'âme, le cœur, l'amour et la force physique. On a 30 ans, et il y a une chose qui nous échappe c'est que l'on est jeune et que la santé vous tient. A un moment, je me suis reconstruit et j'ai reconstruit un vie. "

L'autoportrait (aux Arènes) est titré Délirium . Le bandeau indique :"Je suis mal né, c'est le drame de ma vie. Je voulais être prince ou mécène. Je suis né fils de collabo. "

"Mon père était un fasciste convaincu, il a fait la guerre d'Espagne aux côtés des franquistes. Au moment de ma naissance il était responsable de la milice du Gers, ma mère était responsable administrative de cette même administration. "

"Quand on est enfant, on se doute qu'il y a quelque chose de bizarre puisque l'on est français et que l'on vit en Catalogne. On sent qu'il y a un mensonge et puis on grandit, on commence à lire, et on se rend compte que l'on vous a menti pour des raisons idéologiques. "

Sa mère

Philippe Druillet n'a jamais aimé sa mère. "Je sentais que quelque chose n'allait pas dans cette femme. Elle avait un regard bleu très profond. Elle était con. J'avais une gêne inconsciente qui s'est révélée réelle parce qu'elle n'a jamais bougé de ses idées et qu'elle est restée comme elle était jusqu'à sa mort. Je n'ai jamais aimé cette femme. "

Angoulême

Seize membres du jury d'Angoulême, dont Philippe Druillet, ont fait savoir qu'ils ne participeraient pas au vote pour désigner le lauréat cette année. "Ce n'est pas nous, mais le festival lui-même. Avec un mépris total, ils ont jugé que le travail que nous avons depuis des années ne leur convenait plus. Je n'ai qu'une peur pour Angoulême, c'est qu'il se termine en Star Academy, c'est-à-dire un manque de culture et un total commerce. "

L'organisateur déclare que l'académie des grands prix favorisait le copinage. "Il n'y a rien de plus grave dans un jury quand il n'y a pas de mauvais. Le seul reproche que je ferai à notre académie c'est de n'avoir élu qu'un seul scénariste de BD. "

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