Repli sur Suisse
Ce matin l’autre info est en Suisse
Je veux vous parler de Claro, une commune suisse du canton du Tessin, située dans le district de Riviera, au nord de Bellinzone à 40 kilomètres de la frontière italienne. Claro, ville de plus de 2400 habitants fait parler d’elle depuis quelques jours dans les médias suisses et italiens…
À quel propos ?
La commune a décidé de vendre des étiquettes, des stickers autocollants aux entreprises locales, pour leur permettre d’indiquer visiblement sur leur porte, à l’extérieur, le pourcentage d'employés résidents à Claro et travaillant pour elles. "Noi impieghiamo personale residente " "Nous employons du personnel indigène " traduit Lematinch . La traduction dans le média suisse de "residente" par "indigène" montre bien que l’initiative choque certains. Le sticker coûte 10 francs suisses. Le but affiché de ces autocollants c’est de protéger les locaux, les résidents contre la concurrence extérieure, évidemment en majorité italienne à Claro.
Quel est l’accueil réservé à cette initiative ?
Il faut savoir qu’en octobre les autorités du Tessin ont mis en consultation un projet proposant d’exclure les candidats étrangers des contrats publics pour privilégier les firmes locales. On pourrait parler de préférence tessinoise. Voilà qui rappelle certaines des propositions du Front national en France, ce que le FN nomme dans son programme la "priorité nationale", même si le FN ne propose pas d’apposer d’autocollants sur la porte des entreprises qui emploient des français. Alors il va de soi que du côté italien de la frontière ces autocollants choquent. Certains parlent d’"Apartheid". Le Corriere della Sera évoque un logo qui incite à ne pas faire travailler les Italiens, et qui prête facilement le flanc aux accusations de xénophobie. Le journal italien explique d’ailleurs qu’on entend de plus en plus d’attaques contre les Italiens qui volent le travail des suisses. Mais le syndic de Claro - c’est l’équivalent de notre maire - réplique que les étrangers vivant en permanence dans le Tessin sont comptabilisés comme des résidents. Quant aux habitants de Claro, de ce que j’ai pu lire, ils trouvent ça plutôt bien ; d’ailleurs l’école de Claro a déjà sa vignette collée sur la porte d’entrée principale. Alors monsieur Cambadelis, est-ce que vous ne pensez pas que beaucoup de nos concitoyens - et pas seulement ceux qui sont confrontés à la concurrence de travailleurs frontaliers d’un pays voisin -, que beaucoup de nos compatriotes, fracassés par le chômage, effrayés par la concurrence, la mondialisation, l'Europe, le marché... seraient tout à fait prêts à accepter qu’on agisse de la même manière et que soit signalées par un autocollant les entreprises qui emploient des résidents, des locaux dans leurs villes et dans leurs villages ? On en est là non
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