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Pizza à l'avocat

Quand un pizzaïolo du Vaucluse décide de régler ses honoraires d'avocat en... pizzas, la suite peut réserver des surprises. Surtout quand l'avocat censé se faire régler en pizzas n'est pas d'accord et réclame plus de quatre mille euros. L'affaire passe en jugement mercredi à Aix. Une jurisprudence à suivre de près.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est un article de la Provence qui nous conduit dans le Vaucluse. Il s’agit d’un litige que doit trancher la Cour d’Appel d’Aix, mercredi. Litige entre un pizzaïolo et son avocat. Je précise que ce n’est pas un petit pizzaïolo installé dans une camionnette au bord de la route mais un restaurateur qui emploie une dizaine de personnes et qui est inscrit au registre du commerce. Donc notre pizzaïolo du Vaucluse prétend qu’il était prévu qu’il règle son avocat en pizzas. L’avocat lui, ne veut pas de Calzone ni de Régina , ni même de pizza reine, il exige ses honoraires en euros et pas en anchois, en câpres et en huile d’olive…

Comment en est-on arrivé là ?

Tout commence avec une affaire de vente de véhicule et d’usurpation d’identité. Notre pizzaïolo prend un avocat. Là, il prétend qu’il aurait conclu un accord avec son défenseur. Son avocat aurait accepté d'être réglé en pizzas gratuites, deux fois par semaine et pendant six mois. L’avocat n’est pas d’accord et du coup le bâtonnier de l’ordre des avocats de Marseille qui a été saisi du litige, fixe la note du pizzaïolo à 4 186 €. Par une décision du 10 mars 2014, il rappelle que les honoraires d’avocats se paient en euros.

Mais le pizzaïolo ne veut rien savoir…

Il prétend que le contrat stipulait bien un règlement en pizzas. Alors le souci c’est qu’il n'a pas de preuve, ni de contrat. Il affirme simplement, comme l’explique La Provence, que du jour au lendemain, l'avocat n'est plus venu prendre ses pizzas. Le pizzaïolo aurait alors pensé qu’il s’était fait avoir ; que l’avocat n'avait rien fait dans son dossier et qu’il l’avait je cite "nourri gratuitement". Alors, tout ça est bien joli mais même si on admet que le deal "Pizza contre Avocat" existe entre eux, le compte n’y est pas…

C’est à dire…

Maître Kuchukian, qui est le truculent avocat marseillais de l’avocat qui ne veut pas être payé en pizzas, et avec qui j’ai discuté au téléphone, a fait ses calculs. À raison de deux pizzas par semaine, durant six mois, à 8 euros 20 la pizza en moyenne, son client avocat n’aurait été rémunéré que 393 euros. C’est à dire 65,60 euros par mois. Et 65 euros par mois, c’est pas cher pour un avocat. Tout le monde a compris que je ne parle pas du légume. Alors, sans préjuger de la décision prise en appel, madame Pécresse, si vous deviez être payée autrement qu’en argent pour vos activités politiques que choisiriez-vous ? Des pizzas ? Des truffes comme Nicolas Sarkozy lors du meeting de Nice de sa campagne présidentielle, le 20 avril 2012 ?

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