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La société du clash

Les "clash" de rappeurs sont un grand classique du marketing et du spectacle musical et médiatique. Booba et Kaaris s'affrontent ces jours-ci sur le Web, sur fond de concurrence musicale. Une "baston" numérique qui rappelle beaucoup ce qui se déroule en politique, notamment entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Et si on prenait un peu de hauteur...
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

L’autre info est en banlieue parisienne ce matin

Oui parce que plusieurs sites racontent qu’un nouveau clash très prometteur est en cours dans le milieu du rap français…

Entre qui et qui ?


Entre le rappeur, natif de Boulogne Billancourt, le Duc de Boulogne, Booba dont je rappelle qu’il doit son nom à Booba le petit ourson immortalisé par Chantal Goya et Kaaris, rappeur de Sevran, en Seine Saint Denis. Si je dois caricaturer la situation disons que Kaaris veut dépasser Booba qui n’est pas d’accord. Depuis la tension monte et les deux rappeurs font assaut d’insultes, de punchlines comme on dit sur le Web. Kaaris a donc publié il y a une dizaine d’heures une vidéo très virulente sur sa page Facebook. Je ne peux pas répéter ses propos à ce micro à cette heure matinale. Mais je veux tout de même rassurer nos auditeurs, ces vidéos clashs entre rappeurs font partie des rites du rap. Il y a là pas mal de cinéma voire de marketing. On attend donc le prochain épisode, une réponse musclée de Booba…

Mais ce clash vous fait penser à autre chose…

Oui… Ces affrontements fréquents de rappeurs qui régalent leurs fans respectifs me font penser à la politique et à l'UMP ! Vous m’avez vu venir Édouard Philippe ? Il y a dans ce cérémonial un peu bidon une grande ressemblance avec les roulements de mécaniques de nos ténors politiques. Quand j’observe de près leurs comportements et ceux de leurs fans, je trouve que les insultes mises à part, c’est la même chanson. Et que sous des dehors bien polis la violence des attaques entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, votre champion, est plus hypocrite mais aussi sur-jouée. Mais à part quelques militants surchauffés, tout le monde en a ras le bol de ces gesticulations de mâles en rut ! Alors j’ai un conseil pour nos rois de la testostérone, rappeurs ou politiques. Les médias relaient ce matin une belle découverte. Une lettre inédite d’Albert Camus à Jean-Paul Sartre. Les deux hommes s’étaient brouillés depuis 1952. Ils ne se seraient jamais revus. Cette lettre inédite de Camus acquise par un collectionneur d’autographes dans les années soixante dix et conservée depuis, encadrée, au-dessus de sa cheminée pourrait avoir été écrite en mars ou avril 1951. Profitant de cette jolie trouvaille littéraire, le journal La Croix rappelle justement ce qu’écrivait Sartre dans France Observateur, le 4 janvier 1960, trois jours après la mort de Camus, son ennemi. Il faudrait que messieurs Booba, Juppé, Kaaris et Sarkozy écoutent ses mots : « Nous étions brouillés lui et moi : une brouille, ce n’est rien – dut-on ne jamais se revoir – tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m’empêchait pas de penser à lui, de sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu’il lisait et de me dire : « Qu’en dit-il ? Qu’en dit-il EN CE MOMENT ? ». Vous faites passer à Alain Juppé monsieur Philippe ?

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