La Révolution qui vient...
Ce matin l’autre info fouille dans les archives…
J’ai appris dans Ouest-France que depuis quelques jours les archives d’Alexis de Tocqueville, ses correspondances, ses documents, ses notes de voyage, ses brouillons sont accessibles sous leur forme manuscrite sur le site des archives départementales de la Manche.
Tout le monde peut donc les consulter en ligne….
Jusqu’ici tout était en microfilms mais les archives ont été numérisées. Il y a donc 3.580 dossiers de documents en ligne parmi lesquels de vrais trésors. On y croise Tocqueville juge-auditeur au tribunal de Versailles. Tocqueville en voyage en 1831 aux États-Unis préparant son livre De la Démocratie en Amérique. Tocqueville à l’Académie des Sciences morales et politiques et à l’Académie française. Tocqueville député de la Manche, mais aussi à l'Assemblée constituante. Tocqueville ministre des Affaires étrangères. Et puis Tocqueville conseiller général des cantons de Montebourg, - eh oui - et de Sainte-Mère-Église. Tocqueville incarcéré après le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte parce qu’il refuse de prêter serment au nouvel empereur. Tocqueville met donc fin à sa vie politique et démissionne de tous ses mandats avant d’écrire « L'Ancien Régime et la Révolution ». Il meurt en 1859.
Bien sûr je n’ai pas pu consulter tous ces trésors d’intelligence et de sens politique. Mais je suis sûr qu’il y a les brouillons ou les prémisses de l’un des plus grands discours de toute notre histoire politique. Nous sommes à l’Assemblée le 27 janvier 1848 Tocqueville prend la parole dans la discussion du projet d'adresse en réponse au discours de la couronne :
« Messieurs, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l'état actuel des choses, l'état actuel de l'opinion, l'état des esprits en France, est de nature à alarmer et à affliger. Pour mon compte, je déclare sincèrement à la Chambre que, pour la première fois depuis quinze ans, j'éprouve une certaine crainte pour l'avenir ; et ce qui me prouve que j'ai raison, c'est que cette impression ne m'est pas particulière : je crois que je puis en appeler à tous ceux qui m'écoutent, et que tous me répondront que, dans les pays qu'ils représentent, une impression analogue subsiste ; qu'un certain malaise, une certaine crainte a envahi les esprits ; que, pour la première fois peut-être depuis seize ans, le sentiment, l'instinct de l'instabilité, ce sentiment précurseur des révolutions, qui souvent les annonce, qui quelquefois les fait naître, que ce sentiment existe à un degré très grave dans le pays ».
Et Tocqueville ajoute un peu plus loin dans son discours : « Je crois que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan ». Moins d’un mois plus tard, le 22 février c’est la révolution de 1848… Madame la ministre, je ne suis qu'un Tocqueville d'opérette, mais ne croyez-vous pas que nous nous endormons sur un volcan ?
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