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Et "Jeanne" se rasa la tête

Une jeune lycéenne d'Orléans de 17 ans, harcelée par des hommes, a décidé de raser ses cheveux châtains, une fois rentrée chez elle. Son témoignage dans la République du Centre pose de nombreuses questions sur ces harcèlements quotidiens, répétés mais jamais anodins, dont sont encore victimes de trop nombreuses femmes, en dépit de la loi votée en 2012.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (© Radio France / Christophe Abramowitz)

L’autre info, ce matin, c’est un geste très étonnant…

Je vais vous raconter l’histoire d’une jeune lycéenne de terminale de 17 ans, telle que la République du Centre la relate dans son édition du Loiret…

Qu’a-t-elle fait ?

À la fin d’une journée durant laquelle elle explique qu’elle n’avait cessé d’être importunée par des hommes grossiers dans les rues d’Orléans, « Jeanne », ce n’est pas son vrai prénom, il a été modifié pour préserver l’anonymat de la jeune fille, Jeanne donc a décidé d’accomplir un acte symbolique. Jeanne avait de beaux cheveux châtain qui tombaient jusqu’aux épaules. Elle les a rasés…

Elle s’est vraiment rasé le crâne ?

Oui. Alors pour tenter de mieux comprendre j’ai discuté avec le journaliste qui signe l’article titré « Une lycéenne orléanaise se rase la tête pour être respectée ». Il m’a expliqué que c’est « Jeanne » qui avait contacté le journal pour expliquer sa démarche. « Jeanne » raconte que ce jour-là, elle avait été abordée quatre fois par des hommes dans la rue. Elle s’était aussi fait voler son portefeuille le même jour. Alors, après être allée au commissariat, après avoir eu aussi des problèmes en revenant du sport, elle s’est enfermée dans la salle de bain chez elle et s’est rasé la tête à la tondeuse. Un geste très fort dont on pourrait penser qu’il est aussi dirigé contre elle-même. Mais c’est surtout un acte démonstratif puisque c’est aussi la manière qu’elle a choisi pour se montrer. Il est vrai qu’une jeune femme au crâne rasée se remarque davantage que la même jeune femme avec des cheveux châtain. Jeanne explique « J'avais les larmes aux yeux en me rasant, je me disais : qu'est-ce qu'on va penser de moi au lycée ? ». La présence de sa mère, derrière la porte de la salle de bains, essayant de la dissuader, n’y a rien changé.

Jeanne a rasé ses cheveux. On la voit d’ailleurs en photo, mais de dos dans la République du Centre avec cette légende : « Ce geste était un cri du cœur, je ne regrette absolument rien». Alors le lendemain, au lycée ses amis ont eu du mal à comprendre ce qu’elle qualifie elle-même de geste «militant ». Et sur son profil Facebook, que j’ai consulté, les commentaires sous la photo d’elle rasée sont pour le moins étonnés. Jeanne ajoute dans la République du Centre qu’elle pense se faire repousser les cheveux. Franck Riester, vous qui avez voté le texte de loi relatif au harcèlement sexuel, en 2012, imaginons que Jeanne nous écoute ce matin, qu’auriez-vous envie de lui dire ?

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