Des bourgeois catholiques en mission dans les quartiers nord de Marseille
Au départ, ces croyants avaient caressé l’idée de servir dans une ONG sur des terres lointaines. Avant de réaliser qu’il fallait s’engager en France.
Cela fait deux ans qu’Amaury et Marie-Alix ont troqué leur appartement cossu de la côte basque pour un 54 mètres carrés au 11ème étage de la plus gigantesque barre d’immeuble de Marseille, une sorte de monstre de 275 mètres de long et 40 mètres de hauteur.
Dans le quartier bien nommé de Campagne Lévêque ! Une cité caricaturale, où ils sont presque les seuls blancs raconte le journal La Vie . Entre l'ascenseur en panne, les dealers qui stagnent en bas et la violence, le cadre est peu réjouissant mais les Guillem assument leur choix parce qu’ils ont repris le Rocher, une structure associative laïque mais d’inspiration chrétienne qui aide les habitants.
Le retour des jeunesses ouvrières chrétiennes
Ils se disent inspirés par le pape François qui a clairement exhorté les croyants à investir le terrain près de chez eux. Et s’ils ne font pas de l’évangélisation (il n’y a d’ailleurs plus guère de chrétiens dans la cité) les Guillem font de l’alphabétisation.
Une façon d’entamer le dialogue. Pour parler ensuite, et dans l'ordre, "de Dieu puis du travail" raconte ce couple.
Comme si la foi était le langage commun avec les familles pour la plupart musulmanes qui apprécient, semble-t il, des interlocuteurs inspirés par Dieu.
Une sorte de communauté des croyants, par delà les croyances
Tout n’est probablement pas si harmonieux. Et les Guillem ont mis leurs enfants à l’école privée catholique. Mais leur itinéraire symbolise, une nouvelle forme d’engagement que l’on observe dans la société française, ultra local.
Quand on ne croit plus à la politique, on mise sur l’action de voisinage, sans autre ambition que celle d’alléger le quotidien. Par ailleurs, dans une France sécularisée, le chaos identitaire de ces derniers temps tout comme la visibilité des musulmans a réveillé chez certains catholiques, l’envie d’affirmer leur foi.
Certains le font comme une réaction, presque dans la crispation. Les Guillem l’utilisent pour aller au devant des autres et s’installer dans une cité oubliée des pouvoirs publics.
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