Bloqué du dos, personne ne l'aide
L’autre info est à Rennes ce matin…
Ouest France raconte une histoire anodine qui en dit beaucoup sur notre société. L’histoire d’un Rennais resté bloqué pendant huit heures dans sa salle de bain.
Mais dans quelle circonstances ?
Vendredi 10 juin. Ce monsieur qui, ironie du sort, est conseiller clientèle d’une marque de téléphonie a un très sévère lumbago. Il a vu un médecin et un ostéopathe, mais la douleur est toujours là. Le vendredi matin, un médecin vient chez lui et lui prescrit une nouvelle ordonnance. Il ne peut même pas aller à la pharmacie chercher ses médicaments. Le médecin part. L’homme va faire un brin de toilette dans sa salle de bain. Il est debout accoudé au lavabo, et là, une très vive douleur le poignarde dans le dos. Il ne peut plus bouger. Il reste debout. Son téléphone est dans la pièce d’à côté. Il ne peut pas l’atteindre. Il a peur de tomber, de ne pas pouvoir se relever. Il entend des bruits dans le couloir. Il crie pour que quelqu’un vienne l’aider car sa porte d’entrée n’est pas verrouillée. Il sait que des voisins rentrent déjeuner. Mais personne ne va répondre à ses appels de détresse.
Il est sûr que des gens l’ont entendu crier ?
Oui, il n’a pas arrêté de crier pour que quelqu’un lui vienne en aide. Il a entendu des gens passer devant son appartement et il est sûr qu’ils l’entendaient. Mais personne n’est venu. Les heures défilent. Il reste debout. Il crie à chaque fois qu’il entend du bruit sur le palier. Rien. Son téléphone sonne plusieurs fois. Vers 19 heures, il décide de tenter de bouger. Il réussit à attraper son téléphone. Il appelle SOS médecin. Il est transporté en ambulance dans un centre hospitalier. Mais ses huit heures l’ont rendu amer. Je le comprends. C’est une drôle de société que celle où la communication est partout mais où quelqu’un peut rester huit heures à appeler à l’aide à quelques mètres de ses voisins, sans que personne ne réponde. George Bernard Shaw a bien décrit cette indifférence dans "Le disciple du diable " Il écrit : "le pire pêché envers nos semblables, ce n'est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence ; c'est là l'essence de l’inhumanité. "
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