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Si j'étais... Vladimir Poutine

Et si, après la campagne électorale américaine, la Russie s'intéressait à la présidentielle française ? Karl Zéro s'est imaginé dans la peau du président russe. 

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Vladimir Poutine, président de la Russie, lors d'une conférence de presse à Budapest en Hongrie, le 2 février 2017. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Si j’étais Vladimir Poutine, je serais le tsar de toutes les Russies, jusqu’en 2024 minimum, champion senior de judo et de hockey sur glace. Mais ma véritable passion serait de tirer les ficelles. J’ai commencé au KGB, puis j’ai dirigé le FSB. On ne se refait pas, que voulez-vous. Après le succès que l’on sait aux Etats-Unis, avec l’élection de ce bourricot de Trump – qui, au passage me laisse le traiter d’assassin sur Fox News, mais bon, il est pas étanche – c’est sur la future présidentielle française que j’entends peser aujourd’hui.

Le buzz de Bobino 

Devinette : pour quelle raison croyez vous qu’Emmanuel Macron est allé faire lundi soir ce show pour le moins inattendu à Bobino ? Jamais en France on n’avait vu un politique s’inviter précipitamment dans un meeting où il n’était pas attendu, dans le but de venir évoquer sa vie privée, afin de tordre le cou à une rumeur concernant sa supposée homosexualité. Il l’a fait avec humour et élégance, certes, c’est un excellent communicant.

Mais pourquoi était-il aussi pressé ? Voulait-il faire le buzz pour contrecarrer l’effet médiatique de la conférence de presse de François Fillon reconnaissant ses fautes ? Je ne crois pas. Je crois qu’il n’avait d’autre choix parce qu’il savait que sinon, nous allions sortir quelques éléments susceptibles de compromettre son irrésistible ascension.

Si j’étais Vladimir Poutine, il ne serait un secret pour personne que mes favoris pour 2017 sont Marine Le Pen et François Fillon, qui tous deux ont su envoyer de nombreux signes amicaux à la Russie. En revanche, Macron, ce drôlatique candidat antisystème "financé par le grand système banquier américain", comme je l’ai encore lu cette semaine dans deux des médias libres que je dirige, Russia Today et Sputnik.

La rumeur et le mépris

Macron, ce n’est pas ma tasse de thé, ou alors au polonium 210. Aussi, lorsque j’ai découvert dans les Izvestia que Julian Assange possédait "des informations intéressantes concernant l'un des candidats à la présidence française, Emmanuel Macron, provenant de la correspondance privée de l’ex-secrétaire d’État américain, Hillary Clinton", vous pensez si je me suis frotté les mains. C’est alors que le FSB m’a communiqué la maquette de la couverture d’un magazine français, Closer, présentant Macron en galante compagnie masculine. Un numéro jamais sorti, mais que nos organes allaient se faire un plaisir de rendre public, bien entendu. Macron nous a magnifiquement coupé l’herbe sous le pied !  Du grand art !

Si j’étais Vladimir Poutine, sachez que moi aussi, on a dit que j’étais secrètement homosexuel. On l’a écrit, et publié. Ici, en Russie, où jusqu'en 1993 l'homosexualité était un crime passible de huit ans de camp et est restée considéré comme une maladie mentale jusqu'en 1999. Mais moi, je me suis bien gardé de répondre à ces insinuations. J’ai traité ça au sulfate de mépris.

L’auteur, un certain Stanislav Belkovsky, spécialiste des sciences politiques et éditorialiste dans un journal de Moscou, a échafaudé toute une théorie autour de cette rumeur, il en a même fait un livre ! Illustré par mes innombrables clichés torse nu à cheval dans la toundra, en slip à la piscine ou caressant des tigres. Mais je me suis tu, j’ai laissé dire, et Belkovsky est toujours en pleine forme, il n’a pas eu droit à son petit thé, même s’il le méritait. Voilà comment j’ai perdu cette bataille contre Macron. Mais je n’ai pas perdu la guerre. Croyez-moi: il ne perd rien pour attendre, foi de Poutine !

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