Si j'étais... Sacha Guitry
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de Sacha Guitry, dramaturge, acteur, metteur en scène, disparu en 1957.
Si j’étais Sacha Guitry, je me réincarnerais le 23 avril prochain, non pas pour aller fleurir la tombe de feu ma troisième épouse Jacqueline Delubac. Elle en a eu bien assez comme ça, des roses, du temps de sa splendeur. Non voyez-vous, je ne reviendrais à la vie ce jour-là que pour aller accomplir mon devoir de citoyen en votant pour Emmanuel Macron… Car tout en lui me plaît ! C’est un ludion ludique, un gracieux feu follet, une libellule vénitienne qui, quand elle retire son masque du carnaval, en a toujours un autre, tant et si bien qu’on ne sait jamais vraiment à qui l’on a à faire… Arlequin social-démocrate, le voilà tour à tour Scapin libéral, puis Scaramouche social, pour finir son tour en pantalone christique ! Ce garçon est un comédien-né, une étoile filant vers son destin, et c’est cela qui me transporte de bonheur !
Sa voix de ténorino, son œil de Narcisse
Si j’étais Sacha Guitry, je vous conterais ô combien, comparés à cet Emmanuel-là, les autres candidats me semblent prévisibles, monotones, ternes en un mot, même s’il m’en a fallu trois.Tout me plaît chez ce politicien-là, parce qu’il ne fait guère politicien justement. On dirait toujours qu’il s’amuse, qu’avec lui tout est aisé et gracieux, c’est vraiment un grand artiste. On le sent, il ne voit dans la chose politique qu’un jeu élégant de stratégies, et comme moi, il préfère les dames quoiqu’on en dise aux échecs !
Brigitte son épouse, en premier lieu bien sûr, courtisée en classe de première et qui fut la première à enseigner à celui qui se rêvait alors en nouveau Musset les choses de l’amour. Une romance qui dure vaut tous les programmes, et ça tombe bien puisqu’il dure, cet amour, et qu’Emmanuel n’a pas de programme.
Ses bourdes me charment autant que ses excuses
Oh ! je sais, si j’étais Sacha Guitry, vous me diriez que si, si, Macron en a un, de programme. Mais voyez-vous, je suis comme ses autres admirateurs, son programme… ne m’intéresse pas le moins du monde. Ce qui m’attire en lui, c’est son œil de Narcisse qui frise en permanence, cette pupille qui vous regarde avec tant d’intensité que l’on ne sait jamais si cette prunelle vous déshabille ou se moque de vous…
J’aime aussi ses erreurs, comme ses costumes bleu pétrole qu’il affectionne, un peu étriqués, on dirait un agent immobilier qui nous fait visiter une France de rêve. Et j’adore sa voix de ténorino qui déraille lorsqu’il se veut baryton pour faire chavirer les foules, essentiellement féminines faut-il le dire… J’aime plus que tout ses bourdes charmantes sur la colonisation, la Manif pour tous ou les ouvrières illettrées, parce qu’elles sont immanquablement suivies d’excuses… Quand il demande pardon, là, il est désarmant, attendrissant, si bien élevé. Il n’attend pas trop pour les faire, contrairement à certains, car l’excuse, voyez-vous, est un plat qui ne supporte pas de refroidir.
Si j’étais Sacha Guitry, je lui dirais : Emmanuel ne change rien, continue tranquillement ton Roman d’un tricheur et tu seras élu, car personne en France ne votera La Poison.
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