Si j'étais... Robert Rochefort

Résumons les faits: mercredi dernier, je vais faire un tour chez Castorama à Vélizy, il est 16h00, vous me direz : "T’as rien d’autre à foutre ?" Ben non... Moi je suis eurodéputé, ça laisse beaucoup du temps libre, les trois-quarts du temps j’ai rien à bran...

Bref j’arrive "chez Casto, y’a tout ce qui faut, outils et matériaux", je zone un peu au rayon perceuses, et là qu’est ce que je vois ? Deux adolescentes de 14 et 17 ans ! Aussitôt, je stresse ! Que font ces deux jeunes filles visiblement égarées dans cette grande surface de bricolage infestée d’hommes virils en marcel, de manuels gonflés de testostérone ? Je m’inquiète pour elles ! Ont-elles fugué ? Faut-il déclencher l’Alerte enlèvement ? Je suis très très angoissé !

Le souci, c’est que si j’étais Robert Rochefort, dès que je stresserai, la seule solution pour me calmer serait de me masturber, illico presto ! Mano a mano ! Histoire de faire retomber la pression... C’est en tout cas ce que j’ai expliqué aux policiers incrédules quelques heures plus tard, après avoir été cueilli, mon outil en main, par un vigile. J’aurais bien tenté de la calmer, le vigile... "Si on peut plus sortir son outil chez Casto, franchement, où va-t-on ?" "Au commissariat", il m’aurait fait. 

Si j’étais Robert Rochefort, je me serais rétracté après mes aveux et j’expliquerais – comme je le fais aujourd’hui – que si j’ai reconnu les faits devant les policiers, c’est parce qu’ils m’ont... piégé ! Je suis un élu de la République, je ne peux pas passer la nuit en garde à vue, ni être mis en examen, ni passer en jugement... alors j’ai cédé à leurs menaces, et accepté d’avouer en échange d’une "procédure de composition pénale". Un truc fait pour les élus de la République !

Ils m’ont mis le marché en main : "Allez, Robert, au pire, tu risques un bracelet électronique autour du..." Enfin, vous me comprenez... "Personne ne le saura, Robert, sauf si tu vas à la piscine..." Donc j’ai bêtement accepté. 

Si j’étais Robert Rochefort, j’aurais passé un très mauvais week-end et, surtout, je serai très, très fatigué. Bayrou m’aurait viré avec pertes et fracas, ce qui m’aurait à nouveau stressé... J’aurais été obligé de me re-machiner, évidemment. 

Puis c’est le quotidien La Croix qui m’aurait appelé pour annuler ma collaboration dans ses pages. Un pignoleur dans La Croix ça fait tache. Stress... du coup : re-belote. 

Puis C dans l’Air et On refait le Monde, pour me signifier que désormais, ils le referaient sans moi... Stress... re-re-belote. 

Puis Cetelem, et Eurotunnel dont j'étais administrateur jusqu’à hier, pour me dire que j’étais pas prêt d’en voir le bout (de l’Eurotunnel), à part le mien. Stress. Same player shoot again. 

Puis la commission parlementaire Culture et Education -le ponpon- où je ne siègerai plus... Stress. Bingo. Grosse fatigue. 

Heureusement que je ne suis pas Robert Rochefort !