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Si j'étais... Patrick Balkany

Karl Zéro se met dans la peau de Patrick Balkany, le député des Hauts-de-Seine et maire de Levallois-Perret.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Patrick Balkany à l'Assemblée nationale, à Paris, en mai 2015. (ALAIN JOCARD / AFP)

Si j’étais Patrick Balkany, vous commenceriez… à me faire chier ! Depuis que Nicolas Sarkozy en est réduit à faire du biclou en sens interdit à Saint-Tropez, on dirait que ça y est, la chasse est ouverte pour de vrai. Je suis l’homme à abattre, la victime expiatoire d’un système qui a fait son temps. Plus rien n’arrêtera les chiens, comme disait Mitterrand et il s’y connaissait rayon chenil. La justice s’acharne sur moi et ma pauvre épouse, pendant que d’autres, cent fois plus condamnables, et pour des affaires autrement plus graves, s’en tirent avec les honneurs républicains. J’y reviendrais tout à l’heure, histoire de rire un peu, et de créer quelques ennuis judiciaires à votre station crypto-gauchiste qui me traîne à plaisir dans la boue, flash info après flash info.

Que me reproche-t-on ?

Mais commençons par le commencement si vous voulez bien, sans ces raccourcis stupéfiants dont vous êtes coutumiers, et qui me condamnent avant même tout procès. Que me reproche-t-on, au fond ? D’aimer les belles demeures, le soleil, les cigares, les alcools titrant plus de 40° et les vénus calipyges ? On m'interdirait d’aimer la vie, en somme… De ronflantes commissions rogatoires internationales à mon encontre ont été lancées par le juge Van Ruymbeke. Un fou moustachu et aigri, que je croyais mort, après 50 ans à nous concasser les glaouis.

Bref ces messieurs ont enquêté partout : en Suisse, au Liechtenstein, au Maroc, à Singapour, en République dominicaine et au Panama. Sinistre jeu de piste organisé pour démontrer que j’aurais imaginé une véritable usine à gaz de fiduciaires nébuleuses, un empilement de sociétés offshore pour échapper à l’impôt, et cacher le fait que je suis l’heureux propriétaire de trois somptueuses villas ? Mais ce n’était pas la peine ! 

Propriétaire et fier de l'être 

Si j’étais Patrick Balkany, je vous dirais, comme j’ai dit à ce juge acariâtre, que j’en suis bien le propriétaire, des ces villas ! Et que, mieux, je suis fier de l’être ! J’ai travaillé comme un damné, sué sans et eau, fait de Levallois une cité bourrée de caméras que le monde nous envie. Je les mérite, ces maisons, alors qu’est ce qu’on vient me chercher des morpions dans les roubignolles ? Et là, je prend à témoin assisté nos auditrices et nos auditeurs : les enfants, si vous aviez pu faire pareil, reconnaissez que vous seriez content de vous ! Seulement voilà : vous n’êtes pas très malins – sinon ça se saurait – et vous croyez en bons citoyens que la loi, c’est la loi, c’est pas fait pour la contourner… Ah, laissez moi rire !

Tous protégés, sauf moi !

Y’en a pas un, pas un dans ce monde interlope qui fut le mien qui ne gruge pas ! Même ceux qui se drapent dans leur dignité en poussant des cris d’orfraie, comme la famille du Menhir de la Trinité et consorts… C’est le festival des filous ! Mais eux, on les chatouille, on les gratouille, et rien n’en sort jamais… Ils sont protégés ! Alors que moi, Patrick Balkany, j’avance poitrine nue comme la Marianne chère au Catalan Manuel Valls, et je me prends toutes les balles en mousse des autorités morales de ce pays en décrépitude. Elles rebondissent, bien sûr, sur mon torse d’airain, car même s’ils me piquent mes trois maisons, j’en ai au moins dix autres sous le pied. Ils peuvent fouiner, ils ne m’auront jamais, avant qu’ils pigent le système j’aurais vécu au soleil 40 ans de plus.

Pour conclure ce que vous pourriez prendre pour un coup de sang, mais qui n’est que le millième de ce que je pense, je vous avais promis de balancer quelques noms qui mériteraient que la justice s’intéresse à eux de près…J’aurais commencé par… Ah ? Mais que me tendez-vous là ? Un chèque ! Voyons… Radio France…Signé Mathieu Gallet, votre jeune président. Le montant est astronomique.

J’ai compris, je la boucle. Vive la justice de mon pays !

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