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Si j'étais... Nicolas Sarkozy

Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de l'ancien président de la République.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy en décembre 2016, au Parc des Princes. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Si j’étais Nicolas Sarkozy, j’aurais passé ma matinée de mercredi 1er mars pendu au téléphone avec mon ancien collaborateur, François Fillon. Vous vous souvenez, le Nosferatu de la Sarthe… A 7h55, il m’appelle, il était en toupie, complètement affolé, le pauvre. En plein désarroi. Moi, j’étais relax, en train de faire ma gym avec Carla, nos légendaires exercices qui musclent le périnée, en écoutant franceinfo, bien sûr, comme tous les matins. Karl Zéro, hein, ça me détend, sauf s’il parle de moi. Je lui fais "Attend, François, attend, je te rappelle" mais lui il me dit : "Président ! (il m’appelle toujours Président) Sauve qui peut, SOS, j’ai froid, j’ai peur ! C’est épouvantable ! On va être mis en examen avec Penelope par des juges inféodés à Hollande, alors que sur TF1 j’avais dit que si j’étais mis en examen…"

"Je sais : que tu retirerais ta candidature", je lui dis. "Bon, ça c’était une vraie connerie, François, faut toujours éviter ce genre de promesses que tu sais d’avance que tu tiendras pas, surtout avec une magistrature gangrénée par le socialo-communisme ! La politique, vois-tu, c’est un métier, ça ne s’improvise pas, je te l’ai dit combien de fois pendant cinq ans ? Tu commences à le comprendre à tes dépens, c’est cruel mais c’est le jeu !"

Les coups fourrés, je les sens venir

Là, il ne répond pas, je l’entends qui sanglote…Alors je reprends. "Là, tu comprends mieux, François… C’est pour ça que je voulais remporter cette primaire, parce que moi, les coups fourrés, je les sens venir de très loin (j’en ai monté tellement, faut dire, ce serait dommage…) Quand elles arrivent, les emmerdes, ma réponse est toujours prête : dans les 20 secondes, j’allume un contrefeu énorme, je lance une séquence forte, une proposition imparable à laquelle tout le monde se sent obligé de réagir, genre : 'La prison pour les délinquants dès huit ans' ou 'Le garrot espagnol pour les récidivistes'. Comme ça, je reste maître du tempo, ça occupe les journalistes, ils ont du grain à moudre, ils sont contents, ils moulinent. 'Ah, il y va fort !'… 'Ah, il est très à droite !' C’est à toi de leur fournir du grain, sinon ils tournent à vide, comme les hamsters, et ils ressassent toujours l’info qui ne te va pas."

"Et puis, je n’évoque jamais directement ce qu’on me reproche : que ce soit vrai ou faux, je me drape dans ma dignité. Je dis : 'Vous n’avez pas honte ? Vous appelez ça du journalisme ?' et je laisse mes avocats étriller l’adversaire. Mais toi, tu fais quoi? Tu ne parles plus que de tes emplois fictifs… Et quand tu arrêtes, c’est pour promettre du sang, des larmes et une Saint-Barthélémy des fonctionnaires !"

Là, François me dit : "C’est vrai, Président. Je n’aurais pas dû me présenter à la primaire, je regrette, et je vais annoncer mon retrait… Ou disparaitre avec Penelope et les enfants, comme cette famille de Nantes !"

Et là, tu balances !

Là je me suis fâché ! J’ai dit : "François, ressaisis toi mon bonhomme ! Pourquoi pas faire appel au reclus de Bordeaux pendant que tu y es ? Non, tu vas redresser la tête, serrer les fesses et sourire à la vie, tu convoques une conférence de presse au lieu d’aller tâter du bovin porte de Versailles, et tu balances la maxi-purée : assassinat politique, justice aux ordres, manif géante de protestation dimanche, à moi les vrais républicains ! Deux ou trois couilles toutes molles, genre Le Maire et les nains de l’UDI, te lâcheront sans doute, mais là où tu en es, tu ne peux plus reculer !"

Et voilà, c’est très exactement ce qui s’est passé : à midi, François a ouvert le feu, à 15 heures les centristes avaient déserté, et dimanche on se retrouve tous en loden et Barbour place du Trocadéro ! Elle est pas simple la vie ?

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