Si j'étais... Marine Le Pen
Depuis la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, la présidente du Front national rêve d'arriver en tête à l'élection présidentielle de l'an prochain. Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de Marine Le Pen.
Si j’étais Marine Le Pen, depuis la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, je serais un peu ahurie, pour ne pas dire complètement déboussolée. Ma petite aiguille intérieure ayant perdu le nord, "l’hyperborée" si chère à Papa, elle tournerait dans tous les sens, pour revenir s’immobiliser à chaque fois, invariablement, sur la gauche extrême.
Si j’étais Marine Le Pen, je me serais attendue comme tout un chacun au triomphe du candidat de l’UMPS, le vieux bonze heureux, Alain Juppé. Certes, je n’ai jamais cru un traître mot des sondagistes dont les chiffres sont choisis à l’avance dans le secret des lobbies et des réseaux, mais j’avoue que là, Juppé paraissait si bien parti que j’avais fini par m’habituer à l’idée de combattre ce noble vieillard vermoulu au second tour de la présidentielle. Je me disais il a des poissons d’argent, je lui pète un pied fantoche !
Surprise : Fillon élu en tête de la primaire
Et voici que, contre toute attente, c’est ce mystérieux François Fillon qui l’emporte. Je me pince, je me dis : mais qui a bien pu voter pour cet éternel second couteau, ce type austère, terne, cet humble à l’oeil humide sous un sourcil charbonneux ? Je flaire vite l’énorme danger pour moi : son électorat, c’est la France du silence, la France résignée de province, si foncièrement de droite. Une France chabrolienne, balzacienne même, en clair-obscur, où la même pendule fait tic-tac depuis 1830 au salon, où il y a encore des napperons sur la télé -qui n’est ni extra plate ni en 4K- car c’est un téléviseur Grandin qu’on allume à 20 heures pour le journal, après le diner ! Car on dine tôt, chez ces gens-là ! Forcément, on travaille ! C’est la France de "La horse" avec Jean Gabin, celle des petits bourgeois, des petits notables, des agriculteurs et des honnêtes gens qui en ont marre que la France ne soit plus la France. Que le Front national ait piqué leur drapeau, leurs valeurs, leur combat contre l’islamisme et qui, comble du passéisme, persistent à aller à la messe alors qu’il a été scientifiquement prouvé que Dieu n’existait pas, puisque 100% des enfants préfèrent un Kinder Bueno à une ostie, ce que ledit Dieu ne pourrait tolérer. Là, mon sixième sens me dis: "Hop hop hop, réagis ma fille !"
Ce Landru inattendu va venir bouffer dans notre écuelle, à l’évidence. Une large partie de notre électorat va repasser avec armes et bas de laine chez lui. Parce qu’il faut bien le reconnaître, ce Fillon fait quand même plus sérieux, plus crédible qu’un Collard, un Ménard et je vous parle même pas d’un Rachline.
Y’a bien Marion, ma petite nièce, mais elle a beau être over-catho, elle fera pas le poids une seconde ! Et puis je vais pas la mettre en avant, cette petite peste, elle attend que ça, bouffer sa Tata !
Marine Le Pen se met dans la peau... d'un autre
Je sonne alors le tocsin et demande poliment à mes fidèles lieutenants de se… sortir les doigts, afin de me fournir des "éléments de langage" (comme ils disent) pour lancer la contre-offensive ! C’est là où je me suis retrouvée à faire du Karl Zéro, à mon corps défendant cela va sans dire, mais mieux en le disant !
Faute de ligne claire, je joue depuis à Si J’étais… Si j’étais Marine Le Pen, je serais Mélenchon. Je prendrais ma grosse voix rauque, celle des lendemains de cuite, et je tonnerais pour dénoncer Fillon, candidat téléguidé par les illuminatis de Bruxelles, porte-parole de ce que l’Union a produit de pire en termes d’idéologie ultra-libérale. Ce dont Madelin rêva un temps, en 1984 - comme Orwell !- Fillon va le faire. Sous la férule de ce taiseux Sarthois, on va endurer une indescriptible casse sociale ! Ce dingue de super-profits va tout supprimer : 500 000 fonctionnaires que tout bien réfléchi j’adore, notre Sécurité sociale, la durée légale du travail, la SNCF, le droit de grève, les allocs, le Loto et l’Euromillion ! Il va interdire le zouk à la pause clope à la Poste et tout déréguler : il laissera une France exsangue où les 24 H du Mans en dureront 39. J’espère vous avoir convaincue, m’sieurdames ! Votez Marine, c’est aussi voter Zola !
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