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Si j'étais... François Hollande

Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de François Hollande, président de la République.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
François Hollande, le 14 mars. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Si j’étais François Hollande, il ne me resterait que 65 jours à l’Elysée. Presque tous mes conseillers ont déjà plié les gaules, sont partis pantoufler je ne sais pas où. Qu’ils aillent en enfer ! Moi, j’erre dans un palais déserté, le plus souvent en pantoufles et pyjama. Les huissiers ne s’inclinent même plus quand je passe. Ils font comme s’ils ne me voyaient pas. Un fantôme. Pourquoi m’habiller ? Plus personne ne vient me voir.

Ah si ! Vendredi, il y aura du mouvement, j’aurais du beau linge : Kate Middleton et le prince William… Là, je m’habillerai. Enfin, du beau linge, entendons-nous… Ils ne servent à rien, ces deux-là, comme moi. Ah ! je ronge mon frein, et pas à l’idée de partir pour couler une retraite paisible, croyez-moi… Je n’ai que 62 ans, aujourd’hui, pensez qu’on vit couramment jusqu’à 95 ans. Ça va être long, après. Je le sens. Je vais me faire chier à mort.

J'en ai gros

Je vais vous faire une confidence. Dès que je croise des journalistes, vous le savez je me lâche, je déballe tout ce que j’ai sur la patate. Et là j’en ai gros. Voilà : tout bien réfléchi, je regrette amèrement de ne pas m’être présenté à cette présidentielle. Déjà, une campagne électorale c’est très physique, et comme il faut bien reconnaître que je me suis un peu empâté, ça m’aurait fait du bien. Du bien au moral aussi, car j’aime voir du monde, j’aime quand c’est trépidant… Un vin d’honneur à Toul, une inauguration de rond-point à Bezons, un centre gériatrique à Pau, ça me manque tout ça… J’en ai bouffé du kilomètre, des selfies, la pluie, des bisous aux bébés, des serrages de pogne à tire-larigot, même les "Hollande démission", j’adore ça. J’y peux rien. Je ne sais faire que ça.

Si j’étais François Hollande, j’aurais du foncer, tête baissée, taureau blessé certes, mais pas mort, taureau de corrida éreinté mais glorieux ! Car le seul à même d’unifier toutes les forces de progrès, aujourd’hui incarnées par des bœufs inertes qui ne savent plus qui suivre… Hamon, notre candidat officiel, petit veau de lait crypto-gauchiste qui niera très bientôt avoir été mon ministre ? Ou Macron, mon fils spirituel, à tel point que je mesure tous les reniements futurs qu’il nous réserve? Désolé, mais sans moi, la gauche n’est pas au niveau !

Toujours prêt

Tout ça, c’est la faute des primaires. Quelle idée à la con ! Ce n’était surtout pas le moment… Les Français en avaient tellement marre de voir toujours les mêmes gueules que dans les deux camps, droite et gauche, ils ont choisis le plus terne. Combat glaçant de passe-murailles… Si on voulait faire passer Marine Le Pen, on ne s’y serait pas pris autrement. C’est pour ça que je m’agite, en ce moment. Ils sont tous tellement occupés par leurs petites tambouilles qu’ils ne voient pas qu’elle peut très bien passer, la F-haineuse...

Alors voilà : vous le savez peut-être, j’ai fait mettre 500 signatures d’élus de côté, au cas où. En politique, ce qui est épatant, c’est que tout peut arriver, surtout en 40 jours ! Jésus a bien ressuscité en trois jours, alors moi… en 40 ! C’est cela qui me fait vivre : l’espoir qu’un évènement inattendu, fou, énorme, ne m’impose comme le candidat naturel pour sauver la France.

Dans ce cas, je briguerai illico un second mandat, même si j’ai dit le contraire en décembre. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Fillon avait bien dit qu’il ne se présenterait pas s’il était mis en examen… Mais quoi ? Qu’est ce qui pourrait bien se passer de dingue, qui fasse que je revienne ? Une baisse massive du chômage en mars ?

Bon. Ça me fait du bien de vous parler, je me sentais seul mais là je sens que ça va déjà mieux.

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