Si j'étais... François Hollande

Si j’étais François Hollande, je vous confesserais que, passé un très court labs de temps d’effarement face à la déferlante Fillon enclenchée dimanche soir, je suis littéralement enchanté par la victoire inattendue de ce futur challenger, incarnant à merveille cette peuplade silencieuse et oubliée, ce monde du silence en Lodens et autre Barbours. Ils se sont certainement passés le mot dimanche, discrètement, en se croisant à la communion, ou à la sortie de la messe, à la pâtisserie où ils passaient chercher leurs commandes de gâteaux dominicaux qui couronnent le gigot familial en fin de repas de famille. Je les connais bien, chez mes parents, c’était la même chose !

En bons résistants ultra-conservateurs et ultra-libéraux, ils ont su se taire, ne rien dévoiler aux sondeurs, et provoquer ce qui ressemblerait à un coup d’état au pays des Républicains, si Fillon n’était pas aussi bien élevé. Ce Fillon auquel je ne voyais, c’est vrai, pas le moindre avenir politique, comme je le confiais récemment à deux journalistes que j’avais largement avinés, dans mon excellent livre de confidences. Tout le monde a le droit de se tromper après tout, n’en suis je pas le vivant exemple ? Je trouvais ce Fillon nul. Cet autre aveu mérite-t-il une seconde procédure de destitution accélérée ? Peut-être, car tout est possible, de nos jours, plus rien ne m’étonne ! L’incroyable rebond effectué par le Nosferatu de la Sarthe, presqu’encore plus terne que moi, le prouve.

Ne rien dire aux sondeurs !

Si j’étais François Hollande, cela me redonnerait confiance, plus que jamais, si besoin en était, pour annoncer ma candidature d’ici 15 décembre ! Je pars de 4% d’intention de vote ? Et bien ? C’est le score exact attribué à Fillon par nos instituts de sondages médiumniques au début de sa campagne. Je demande donc aux hommes et aux femmes de ce pays qui envisagent de voter pour ma réélection de se taire. Museau ! Si d’aventure, un sondagiste vous contacte sur votre téléphone ou dans une file de pôle-emploi, Museau ! dîtes n’importe quoi ! Donnez n’importe quel nom, mais pas le mien. Même s’il est cher, je le conçois, à votre coeur ! Même si pour vous il est comme un sésame, un talisman, une promesse magique de continuité heureuse pour les cinq années qui viennent, soyez fortes et forts, ne mouftez pas ! Ne faîtes pas comme ces ahuris de la gauche-caviar qui pour me faire plaisir se sont payées une tribune dans le Journal du Dimanche afin de me crier leur amour ! C’était stupide, contre-productif ! L’histoire ne se réchauffe jamais, le coup de  "Tonton laisse pas béton !" imaginé par Mitterand en 88 est éculé !

Le deuxième tour sera inutile

Non, il faut que la surprise soit totale, ahurissante en avril prochain, lorsqu’au premier tour mon score étourdissant me fera réélire dès le 1er tour !
Car Fillon, s’il parvient au but dimanche prochain - et je compte sur vous pour y participer en retournant massivement voter pour lui- sera le candidat de rêve pour ressouder la gauche ! Le plus libéral, le plus réactionnaire, le plus reaganien, le plus thatchériste, voir pinochien, ajouter à cela les plus gros sourcils du monde, bref Fillon c’est la cible idéale face à qui défendre notre cher modèle social !
Mais il reste, je l’avoue, une inquiétude : c’est la candidature de MAM ! Elle a annoncé hier -discrètement certes- qu’elle se mettait en réserve des Républicains, en vue de se présenter à la présidentielle. Ecoutez son message youtube, même s’il n’a que 3 572 vues, ses mots sont puissants. Après le Brexit et Trump, MAM peut créer la surprise : "Des messages comme ceux-là, j'en reçois tous les jours, et depuis cinq ans j'en entends toutes les semaines quand je vais sur le terrain, quand je vais au plus près de vos préoccupations, sans caméra ni média. J'ai voulu créer ce rassemblement des Français pour que tous ensemble nous puissions agir pour bâtir la nouvelle France."

Oui, par les temps qui courent, dans ce monde  "cul par dessus tête", cette femme peut tous nous y mettre, sur le cul !