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Si j'étais... Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle 2017. Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de l'ancien ministre de l'Economie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron à Bobigny, le 16 novembre. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Si j’étais Emmanuel Macron, je serais gonflé ! A tous les sens du terme. Gonflé à bloc, bien sur, mais aussi gonflé, "flé-gon" comme disent les plus jeunes adhérents à casquette à l’envers de mon mouvement En marche ! Gonflé, agacé – je le dis pour les anciens qui nous écoutent grâce à Audika – par les réactions, pitoyables de jalousie, de mesquinerie, de mes malheureux concurrents à l’annonce grandiose de ma candidature qui va tout ravager sur son passage.

C’était hier, jeudi 16 novembre, c’était beau, c’était grand, j’avais opté pour un atelier de Seine-Saint-Denis que même mon Uber – dont le chauffeur de 14 ans, qui était visiblement né dans les parages – a eu du mal à trouver !

Mais à moins d’être mal-comprenant, vous êtes forcément au courant tant les médias m’ont servis la soupe ! Je suis le candidat Liebig et je me présente !

Alors que je m’apprête à réussir ce pari osé, rusé, fou et génial, celui auquel, malgré une vie d’efforts, ont tristement échoué successivement Félix Gouin, Antoine Pinay, Edgard Faure, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean Lecanuet, Michel Jobert, Coluche, Michel Rocard, Jacques Delors, Bernard Tapie, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn… moi le jeune social-libéral aux yeux chafouins, je vais le gagner !

Comment ? Mystère… Je l’ai dit et je me cite : le président est un guide. Il doit y avoir de la verticalité au pouvoir, et du mystère ! De la boule de gomme, aussi ! De la gomme de pneu ! Pneu de camion ! Camion- benne ! Et allez hop, tous les vieux canassons de retour dedans, direction la décharge et à moi l’Elysée !

Qu’importe les critiques ! "Trop léger ! Trop mignon ! Trop superficiel ! " Moi, Emmanuel Macron, mes maîtres mots sont autonomie, choix, décentralisation, déconcentration, dévolution des pouvoirs, initiative, évaluation. Ça vous en bouche un coin, j’espère ! Tant de vastes mots accolés les uns aux autres qui ne veulent rien dire… depuis Lautréamont on n’avait pas fait mieux !

Peu importe que je ne sache pas trop s’il faut être pour ou contre les 32, les 35 ou 39 heures, la retraite à 60, 61, 62, 63 ou 75 ans… Ces mesures, de toutes façons, ne sont plus adaptées à notre société, elles ne veulent plus rien dire, au regard du bouleversement économique et social que nous traversons. Tout a changé ! J’incarne "un temps de renaissance", je ne veux pas "des réformes, mais une profonde transformation" car "mon ennemi, c’est la peur, le repli, le cynisme" et plus que tout… le système ! Ce système de merde que j’exècre plus que tout, il n'y a qu’a regarder mon costume.

Ça, je vous le concède, chez mes challengers, ça passe moyen. Copé, notre spécialiste boulangerie en gros dit de moi: "Il y a un mot anglais, c'est le mot fake : chez Macron, tout est faux, depuis le début jusqu'à la fin." Et chez lui, alors ? Sa nouvelle posture de candidat punk contre ceux qui l’ont fait ne convainc personne.

Jack Lang ? Je le croyais en prison… Je lis son communiqué: "La trahison, est-ce le principe moral qui habite cette campagne affligeante ? Qui a trahi trahira." Venant de lui, c’est un hommage du maitre au disciple !

Besancenot ? "Macron annonce sa candidature. Dans ce contexte, est-ce vraiment nécessaire de maintenir les primaires de droite?" Bon, ça c’est drôle, ça m’ennuie, mais faut bien le reconnaître

Le Parti de Gauche maintenant : "Cet énarque, ancien rédacteur du rapport Attali sous Sarkozy, ancien de la banque Rothschild, ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée sous Hollande, ancien ministre de l'Économie sous Valls, voudrait se faire passer pour un candidat anti-système alors qu'il en est le pur produit !" Bon, tout est vrai… mais j’ai le droit d’être comme Sarkozy en 2007 et de dire que j’ai changé.

Chevènement : "A-t-il des idées nouvelles, ce Macron ? À ce jour, je ne les discerne pas… Son discours d'annonce de candidature ne contenait rien de bouleversant." Alors lui, il aurait mieux fait de rester mort ! Et je reste poli.

Voilà, n’en jetez plus, les amis ! Va falloir compter avec moi mes lascars ! Allez à bientôt, Brigitte a coiffeur cet aprem, on se retrouve comme d’hab ?

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