Si j'étais... Edouard Philippe
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau d'Edouard Philippe, Premier ministre.
Si j’étais Edouard Philippe, je serais devenu le centre d’intérêt de toute la France en un jour, et sans que j’aie même ouvert la bouche, voilà que ma légende serait en marche.
Et dire qu’il y a encore une semaine pour obtenir trois minutes sur Public-Sénat, je devais me battre ! Depuis 24 heures, je vois fleurir sur moi une foultitude d’infos, de décryptages voire de bruits de chiottes. Comment, au milieu de tout ce ce galimatias, les Français pourraient-ils se faire une idée juste de moi ? C’est effrayant quand j’y pense…
Après ce que je lui ai mis, Macron n'est pas rancunier
On m’accuse par exemple d’être d’une ambition dévorante, qui m’a conduit – tout en étant de droite – à accepter aussi facilement de servir le fils spirituel d’Hollande, ce Macron que je n’ai eu de cesse de dénoncer pendant la campagne… Car je suis l’auteur de ces formules assassines : "Macron, qui n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier (si j’ose dire, s’agissant du promoteur des autocars)". J’ai aussi dit : "Macron serait le fils naturel de Kennedy et de Mendès-France. On peut en douter. Le premier avait plus de charisme, le second plus de principes" !
Après ça, normalement, t’es pas le premier sur la liste…Mais pas rancunier, Macron l’a fait. Qui aurait dit non ?
"Aucune idée"
Si j’étais Edouard Philippe, on s’étonnerait de la mauvaise foi, ou de la légèreté avec laquelle j’ai pu remplir, en 2014, ma déclaration de patrimoine auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique: valeur de votre appartement à Paris ? "Aucune idée". Valeur de vos parts dans une résidence de Seine-Maritime ? "Aucune idée". Valeur de votre bien en Indre-et-Loire ? "Aucune idée"… J’ai reçu un blâme, OK, mais moi au moins je n’ai jamais payé ma femme à rien foutre.
On s’accorde globalement à me décrire comme un bon maire du Havre, enfin bon au sens… d’habile, de beau parleur, maître dans l’art de perdre ses adversaires dans des méandres oratoires, de longues diatribes ponctuées de plaisanteries pour monopoliser le micro et noyer le poisson. C’est pas faux, et en tant que Premier ministre, vous verrez que ça me sera bien utile…
Plus cocasse, on me reproche à la fois d’avoir été falot, en tous cas guère identifiable ou influent au sein des Républicains, et en même temps d’appartenir secrètement au sulfureux "groupe de Bilderberg", et à ce titre de prendre mes ordres de reptiliens illuminatis…
Je suis un guerrier
Si j’étais Edouard Philippe, j’aurais surtout été un homme de l’ombre, un apparatchik de Juppé, rôle que j’ai parfaitement décrit dans mon livre co-écrit avec Gilles Boyer, et justement intitulé Dans l’ombre : "Je suis un guerrier qui sert un maître, un professionnel qui connaît son milieu, qui utilise ses armes, qui pare les coups qu’on veut porter à son patron, un mécanicien, un organisateur, un inspirateur, un souffleur…"
Passant de l’ombre à la lumière, il est clair que je jouerai finalement exactement le même rôle auprès de Macron. Ça arrive à tout le monde de changer de patron dans la vie, et on n’en fait pas tout un plat !
Enfin, voilà que des Chiennes de garde m’accusent d’être sexiste, moi qui vais devoir diriger un gouvernement paritaire, et me ressortent de mon livre cette ode aux gros seins: "Une vraie poitrine, c'est rond, c'est confortable, on doit pouvoir mettre son nez au milieu avec jubilation"…C’est pas faux notez mais…
Que voulez-vous que je réponde? Vous verrez bien si ce critère mammaire a influencé mes nominations féminines !
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