Réparties de campagne. Un débat télé inattendu entre Ségolène Royal et François Bayrou
Avant la course à l’Élysée qui va agiter les prochains mois, franceinfo se penche sur les moments marquants des campagnes présidentielles dans les médias. Cette semaine, un débat inédit à l’initiative de Ségolène Royal.
Printemps 2007, le second tour de l’élection présidentielle oppose Nicolas Sarkozy, arrivé en tête avec 31,18% des voix à Ségolène Royal (25,87%). Comme c’est l’usage, les deux finalistes se retrouveront bientôt face-à-face pour le traditionnel débat d’entre deux tours. Mais avant ce rendez-vous fixé au 2 mai 2007, la candidate socialiste décide de casser les codes et de rencontrer devant les caméras le troisième homme de cette présidentielle : le faiseur de roi François Bayrou et ses 18,57% de voix.
L’idée circule dans le petit milieu politico-médiatique au lendemain du premier tour de l’élection de 2007. La question est de savoir quelle chaîne va profiter de ce moment d’antenne. Et contre toute attente, c’est un nouveau venu dans le paysage audiovisuel français, BFM TV, qui s’impose. "Il y avait un projet de débat chez Canal, un projet chez iTélé et en fin de compte, ce débat ne se fait pas", se remémore Frank Lanoux, alors directeur délégué du groupe NextRadioTV, propriétaire de BFMTV.
24 heures pour organiser ce débat
La jeune chaîne info a 24 heures pour organiser ce débat télévisé inédit, qui se tient à l’initiative de la candidate socialiste à la présidentielle. "Les interlocuteurs de Ségolène Royal étaient tout à fait partants. […] Jack Lang faisait une pression minute après minute pour qu’on soit absolument capable d’organiser ce débat. La difficulté venait plus de François Bayrou qui nous rajoutait des éléments nouveaux."
Finalement, le feu vert est donné à 17h. Mais pourquoi Ségolène Royal tenait-elle tant à ce débat avec le candidat du MoDem ? "Il y a eu une bonne intuition chez Ségolène Royal, mais une intuition qu’elle a eu trop tôt qui est de dire qu'au fond, il y a peut-être quelque chose à dessiner entre des centristes, des sociaux-démocrates et des gens qui voudraient faire un petit peu autrement et s'affranchir de la bipolarité de la vie politique française", analyse Matthieu Croissandeau, qui suivait la campagne de la socialiste en 2007 pour Le Nouvel Obs.
Un débat, deux objectifs
"D'une certaine façon, Emmanuel Macron lui donnera raison dix ans plus tard, sinon elle aurait gagné. En tout cas, il y avait cette intuition chez elle", ajoute le journaliste politique.
Ce débat télévisé n’aura pas d’incidence sur la fin de la campagne présidentielle. "Je n'ai pas de grand souvenir de ce qui s'est dit à l'époque pendant ce débat. C'était d'une certaine façon, pas l'essentiel. Chacun est venu remplir sa liste de courses. Pour Ségolène Royal, le but était de s'afficher comme une femme d'ouverture et de dialogue. Et pour François Bayrou, d'une certaine façon, il pouvait être le faiseur de roi."
Résultat des courses, ils ne parviendront ni l'un ni l'autre à se mettre d'accord, ni l'un ni l'autre à faire alliance. Ils vont être tous les deux les perdants de ce coup de poker. Ségolène Royal va perdre l'élection présidentielle commencée au second tour ; François Bayrou, lui, va finir laminé aux législatives avec seulement trois députés élus.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.