Cet article date de plus de trois ans.

Question de société. Jean Viard : "On observe une augmentation des locations pour l'été prochain, dans la tête des gens, l'été prochain, ça va aller"

Pour La Nouvelle Aquitaine, la Bourgogne Franche-Comté et la région Auvergne Rhône-Alpes, c'est le début des vacances d'hiver en France pour la zone A. Moins de Français partiront en vacances en ce mois de février, l'incertitude qui a plané ces dernières semaines y est pour quelque chose. 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Les vacances de proximité, une niche que les professionnels du tourisme pourraient développer. En février, les Français vont moins partir en vacances en raison de l'incertitude qui a plané durant ces dernières semaines.  (E+ / GETTY IMAGES)

Le gouvernement espère que ces vacances de février pourront aider à juguler l'épidémie, à esquiver le reconfinement. Les vacances de Noël avaient au contraire entraîné beaucoup de craintes. Là, c'est un peu l'inverse. Décryptage avec le sociologue Jean Viard. 

franceinfo : Qu'est-ce qui peut expliquer que ces vacances d'hiver engendrent moins de craintes qu'à Noël ? 

Jean Viard : Les vacances de Noël, c'était essentiellement des vacances familiales où, effectivement, les petits-enfants ou les enfants vont voir les grands-parents. Les gens étaient prudents, géniaux et très efficaces. Les Français se sont mis à respecter les règles de manière remarquable. Février, c'est très différent. D'abord, il y a que 20% des gens qui normalement partent, là, il y en a moins.

Les gens vont surtout partir dans leur résidence secondaire, ceux qui le peuvent parce que tout le monde travaille en réalité. Et comme 85% des couples sont bi-actifs, en fait, les vacances de février, je vais dire, c'est une grande vacances devant la télé, et ça pour le confinement, c'est bien une bonne chose. Donc on va dire, c'est des vacances un peu secondaires, sauf pour les skieurs - les skieurs, c'est 6 à 7% des Français - mais là, elles tombent pile pour essayer effectivement, si on pouvait faire le pont, peut-être en rallongeant un peu d'une semaine : arriver à ce qu'il fasse un peu plus chaud en mars, parce que dès qu'il fait plus beau, on sort. On sent bien que le gouvernement cherche à gagner du temps. Les vaccins d'un côté, là y a ces petites vacances après, avec un peu de chance, en mars, on va pouvoir sortir. Donc voilà, on est dans cette course poursuite. 

Les Français sont attachés à leurs vacances, que ce soit les vacances d'hiver, celles de Pâques, celles de l'été. Mais là, il y a beaucoup d'incertitudes. On ne sait pas à quoi elles vont ressembler ces prochaines vacances. Justement, quelles peuvent être les conséquences ? On voit que les habitudes changent ?

Oui, mais on a déjà vu ça l'année dernière, en juin, juillet et août, on a rattrapé quasiment le PIB qu'on avait perdu. On avait un besoin de sortir, de courir, etc. Après, on ne voit pas de la même manière. On voit moins loin. Évidemment, c'est essentiellement des vacances en France. Pour une raison simple aussi, c'est qu'on ne sait pas si les règles ne vont pas changer. Donc, en gros, on a envie de pouvoir rentrer chez soi dans la journée. Donc tout ça, c'est assez logique.

Mais ceci dit, ce qu'on observe  et que je trouve positif, c'est l'augmentation des locations pour l'été prochain. Dans la tête des gens, l'été prochain, ça va aller. En gros, ça va aller nettement mieux. Et ça, c'est très important. Parce que il y a évidemment l'économie. Ça coûte cher. Il y a évidemment la santé à court terme, mais il y a aussi le bien-être, le moral et la joie de vivre, et donc le fait que les gens prévoient déjà leurs vacances d'été, je trouve que c'est une bonne nouvelle.

C'est pour ça que que je plaide sans arrêt pour qu'on fasse un pass vacances de 1 000 euros pour les familles populaires, uniquement pour l'année prochaine. Pour relancer le secteur, mais aussi pour dire aux gens : Attendez, on y croit. En gros, l'été prochain, il y aura encore sans doute de la pandémie, mais en gros, la vie aura en partie repris des formes normales. Et c'est important de le dire parce que le moral, ça sonne presqu'autant que le vaccin, enfin pas tout à fait autant, mais presque. Et c'est positif pour tout le monde. 

On voit que les habitudes changent un peu dans les déplacements des Français, dans le type de location, les destinations. Est-ce que vous pensez que c'est de nature à laisser des traces, comme beaucoup d'autres choses depuis le début de l'épidémie, que les effets persistent alors que les causes disparaissent un peu plus tard ou alors pas du tout ? 

Jean Viard : Moins, en gros, les grands voyages, en ce moment, les gens se précipiteraient à la Guadeloupe et à La Réunion, comme c'est toujours le cas en vacances d'hiver. Je crois que ça, ça va rester. Mais je pense que les vacances de proximité, qui étaient déjà une tendance en développement, on s'était rendu compte qu'on peut aller en moins d'une heure en RER à Dourdan, vous marchez 10 minutes dans la forêt, dans un gîte rural, vous êtes complètement mieux, on s'était rendu compte que la proximité peut être très dépaysante et là, ça fait un pas de plus.

Et je pense que les professionnels aussi vont le comprendre. Il y a un marché de proximité, ce n'est pas un marché énorme, mais jusqu'ici, il était délaissé. En réalité, on vous vendait jamais un truc à une demi heure de chez vous. Donc là, il peut y avoir une évolution. Tant mieux. On connaît son territoire. Ça va dans la vogue du local, de l'écologie, du voisinage. Mais ça ne va pas casser le tourisme mondial, qui est une merveille absolue. Il faut trouver un équilibre, mais ça fait un secteur touristique de plus, et c'est plutôt une bonne nouvelle. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.