Le chef de l'État, "c'est le grand homme"
Avec le sociologue Jean Viard, "Question de société" revient dimanche 10 avril sur le rapport des Français à leur président.
Pour ce premier tour d'élection présidentielle, "Questions de société" s'interroge sur le rapport des Français à la figure présidentielle.
franceinfo : Dans l'esprit des Français, qu'incarne le président pour le pays ?
Jean Viard : On a inventé au 19e siècle la figure du grand homme, du grand homme qui peut sauver le monde et c'est toute cette pensée romantique qui s'est développée. On la trouve chez Bergson, Chateaubriand, notamment. Quelque part, le général de Gaulle a dû être élevé dans cette pensée. La République est arrivée au moment où on avait un général président. C'était la guerre d'Algérie. D'ailleurs, on a toujours dit "mon général", il était président, mais il restait d'abord mon général. Les gens lui disaient toujours "Bonjour mon général". Il y a une fusion du politique et du militaire.
On a cette figure du grand homme portée par la fusion du général et de la République
Jean Viardà franceinfo
Le président est aussi une figure qui incarne le centralisme.
Oui. Il ne faut jamais oublier que la France a été construit par un pouvoir central qui a pris et qui s'est imposé à des provinces qui ne demandaient rien. C'est ça l'histoire de la construction de cités avec les Jacobins. Après, avec la République, c'est toujours vrai. Bien sûr qu'aujourd'hui, on vit tous de la même culture, on a les mêmes références culturelles qui parlent, la même langue, etc. Mais regardez encore le débat sur la Corse. On voit bien si vous voulez qu'on ait un pouvoir qui s'est construit sur la société, ce qui est très différent d'un pays fédéral. L'Allemagne s'est reconstruit sur ses régions après le nazisme, l'Espagne ou l'Italie sont des pays historiquement très régionalisés.
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