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"La grande pandémie, comme la guerre d'Ukraine, à la fois nous bouleverse et nous rassemble"

Alors que la guerre en Ukraine bouleverse tout le continent européen, en France la période des parrainages pour les candidats à la présidentielle est close depuis ce vendredi 4 mars. Mais pas si simple de faire campagne en cette période où l'incertitude et la crainte occupent les esprits, tournés vers nos voisins ukrainiens. 

Article rédigé par franceinfo, Augustin Arrivé
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Tenant le drapeau ukrainien, de nombreux manifestants se sont rassemblés Place de la République, à Paris, ce samedi 5 mars, comme partout dans les grandes villes d'Europe. (Illustration) (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

La période des parrainages pour les candidats à la présidentielle est close depuis ce vendredi 4 mars. La campagne électorale va donc réellement pouvoir commencer, la liste officielle des candidats, ce sera lundi 7 mars. Mais pas simple de faire campagne dans le contexte que l'on connaît de la guerre en Ukraine. Décryptage avec le sociologue Jean Viard.

franceinfo : Est-ce qu'il reste de la place dans nos esprits pour parler, par exemple, de politique intérieure ? 

Jean Viard : C'est vrai que la grande pandémie, comme la guerre d'Ukraine, à la fois nous bouleverse et nous rassemble, parce qu'on a tendance à se serrer auprès de la main qui dirige, et on a envie que cette main ne tremble pas. Cela donne effectivement un effet de regroupement, et on le voit dans les sondages vis-à-vis du président de la République. Évidemment ceux qui sont proches de Poutine se retrouvent mis à l'écart, comme les anti-vaccins, on en parle beaucoup, mais ils sont quand même très minoritaires. Mais un sondage récent montre que 54% des Français trouvent que la démocratie française marche bien et 82% d'entre eux se déclarent heureux. 

L'Ukraine, le bilan d'Emmanuel Macron depuis cinq ans à l'Elysée, on va en parler dans cette campagne, mais il y a d'autres d'autres thématiques à aborder dans une campagne présidentielle et les Français ont exprimé plusieurs fois pendant le mandat leur volonté de débattre. Il ne faudrait pas en être privé aujourd'hui avec ce moment traditionnel de la présidentielle ?  

Non mais ce qui est très compliqué,  si vous prenez les "Gilets jaunes", par exemple, au fond, qu'est-ce qu'ils ont demandé ? Quasiment un face-à-face individuel avec le président de la République. C'est la demande d'une société où chacun se sent écouté, ce qui est très compliqué parce qu'on est plus de 65 millions d'habitants... 

Et c'est vrai que là où on habite, on aimerait bien être consulté sur les aménagements. Mais c'est de la micro-démocratie, de même que la conférence sur l'écologie, je pense que le président s'était sans doute trop engagé en disant qu'il allait suivre tout ce qui avait été dit, mais comme outil pour que des Français réfléchissent et enrichissent le débat à côté des élus, ce sont des choses qui marchent bien. 

Il y a une société très individuée où quand il y a des crises, chacun au fond veut aller directement au pouvoir, au fond c'était ça, le référendum d'initiative. Mais ce n'est pas une demande de société horizontale, ça je ne crois pas,

Mais on peut parler de tous ces débats dans la campagne présidentielle qui s'ouvre. Il y a la place pour ça ? 

Non, cette année, honnêtement, il n'y aura pas la place. Je pense qu'il va y avoir un débat de deuxième tour parce que là, il n'y aura plus que deux candidats, et là, on va voir les choses se positionner, parce que quand on saura qui va affronter le président de la République, on va aussi savoir ce que font les autres et ce qu'ils soutiennent ou pas.

Au fond, on va dessiner le champ politique du futur par les logiques d'alliances qu'on va mettre en scène. Mais c'est vrai que c'est à cause de la guerre en Ukraine – et en plus, elle nous bouleverse profondément, les scènes qu'on voit c'est épouvantable – donc je pense que du coup, effectivement, il n'y aura pas les débats qui auraient pu avoir, cela va donner cinq ans devant nous qui effectivement ne peuvent pas être bâtis sur des propositions très précises.

Au fond, ça va être la suite du premier mandat, plus qu'un nouveau mandat, si c'est M. Macron qui est élu, et sinon, évidemment, ça sera une rupture complètement différente. 

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