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13-Novembre : "Chaque attentat est un drame absolu et mérite le respect, et une stèle pour tous ceux qui veulent se recueillir"

L'anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, dans lesquels 131 personnes ont perdu la vie et 350 ont été blessées, est déjà entré dans la mémoire collective. L'analyse du sociologue Jean Viard.

Article rédigé par Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
13 novembre 2016. Célébration en hommage aux victimes pour le 1er anniversaire des attentats survenus le 13 novembre 2015.  (ROBERT DEYRAIL / GAMMA-RAPHO / GETTY IMAGES)

Le sociologue Jean Viard, directeur de recherche au CNRS évoque aujourd'hui l'anniversaire du 13 novembre 2015, il y a 7 ans. Le premier anniversaire après la fin du procès historique de ces attentats, qui s'est tenu de septembre 2021 au mois de mai 2022. la justice est passée, il reste cette date, livrée à la fois à la mémoire, à l'Histoire, alors qu'elle renvoie encore à des événements pas si lointains, et traumatiques pour beaucoup de Français. 

Pour Jean Viard, les victimes, en premier lieu, et leurs familles, restent traumatisées et la société aussi. Mais souligne-t-il, ce qui est compliqué, c'est qu'on est dans une période d'attentats. Plus on est en société numérique, plus c'est facile de "monter le bourrichon" à un certain nombre de gens un peu fragiles. Mais après, chaque attentat est un drame absolu, mérite le respect, et mérite une stèle pour que tous ceux qui veulent se recueillir puissent le faire au fil du temps. 

La journée d'hommage aux victimes du terrorisme existe depuis 3 ans en France et dans d'autres pays d'Europe, c'est le 11 mars. Est-ce que ça a du sens une date commune pour toutes les victimes du terrorisme ?  

Il y a des lieux d'abord, il faut que les gens puissent se recueillir. C'est la logique des cimetières, des monuments aux morts édifiés après 14-18, le fait de mettre des plaques avec les noms des victimes, toutes ces marques de respect qui me semblent essentielles. Faire une date pour toutes les victimes du terrorisme, c'est penser un peu que c'est fini, mais c'est compliqué, parce que c'est en cours. 

Il y a la question plus large de l'oubli et de la mémoire à l'échelle d'un pays, est-ce que les attentats du 13 Novembre à Paris et à Saint-Denis, c'est quelque chose qu'on n'oubliera jamais ? 

On peut poser la même question pour la grande pandémie. Il faut faire des commémorations, et en même temps, la vie ne doit pas être que commémorations. Le 11 novembre par exemple, on pourrait oublier un peu la guerre avec l'Allemagne, car il y a deux jours de commémoration des guerres avec l'Allemagne.

L'Histoire avance et donc, il serait assez logique d'avoir une journée de commémoration de cette période d'attentats dans laquelle on est, à condition de les mettre tous, et puis peut-être de ne garder que le 8 mai pour la commémoration avec l'Allemagne. Il y a un récit historique des drames, et il faut que les vivants, ceux qui les ont vécus, qui les ont affrontés, eux, vivent cette commémoration et puis, avec le temps, les vivants disparaissent, et à ce moment-là, ça devient une date historique.  

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