Les taux immobiliers vont t-ils augmenter ?
"Les taux aujourd'hui sont effectivement stables. La
machine à crédit, qu'est la banque centrale européenne, maintient des
conditions plutôt agréables pour les banques. Ceci risquerait de changer à
courte échéance, pour deux raisons principales. La première étant une reprise
économique bien ressentie aux Etats-Unis, ce qui veut dire que la banque fédérale
va certainement abandonner son soutien à l'économie. Cela aura pour
conséquence de faire remonter les taux. Le deuxième élément suivra les
indications de la banque de France, qui souhaite relancer la titrisation en France
(donner aux marchés, à des instituions la possibilité de placer leurs avoirs
sur des créances garanties que sont les hypothèques. (...) Il s'agirait ici de ne
plus avoir la même manne de crédit que celle de la banque centrale européenne.
Là, on rendrait des comptes à des investisseurs. Donc on prêterait sur des taux
un peu plus élevés." , assure Philippe Taboret, directeur général adjoint
de la CAFPI.
Les taux immobiliers vont-t-ils augmenter ?
Tout dépend de la reprise économique et de sa vigueur. S'il
y a toujours besoin de soutenir l'activité, les banques centrales, la banque
fédérale et la banque centrale européenne notamment, vont maintenir des taux
bas, pour maintenir un taux élevé de liquidités sur le marché. Plus l'accès au
crédit est facile et pas cher, plus la machine économique a du carburant pour
tourner ! Si, en revanche, la reprise se confirme, et ce pourrait être le cas
aux Etats-Unis, la banque centrale américaine sera tentée de restreindre le
crédit, et donc d'augmenter les taux.
Mais, on nous parle de titrisation, c'est quoi exactement ?
La titrisation est une technique qui consiste classiquement à transférer des
créances, par exemple, des prêts en cours en transformant ces créances en
titres financiers émis sur le marché des capitaux. On regroupe donc des lots de
créances de nature similaire, en l'occurrence des prêts immobiliers, que
l'on cède alors à une société qui en finance le prix d'achat en plaçant des
titres auprès d'investisseurs. L'affacturage, par exemple, c'est-à-dire le
fait pour une entreprise de céder ses factures, celles qui sont en cours, à une
société spécialisée, en échange de cash, est une forme simple de titrisation.
Les titres étant cédés, les banques retrouvent donc leur liquidité, et en même,
temps, elles ont cédé le risque d'impayé. Mais bien sûr, cela a un coût, coût
qui sera répercuté sur les emprunteurs.
Quel intérêt pour les banques ?
Suite à la crise financière de 2007-2008, on s'est rendu
compte que les bilans des banques n'étaient pas très sains : la qualité des
fonds propres était dégradée et les banques n'avaient pas suffisamment de
réserves pour absorber leurs pertes ou faire face à une crise de liquidité. La
titrisation des prêts immobiliers permet de régler, en partie, le problème.
Cela va avoir un impact sur le marché immobilier ?
Oui, bien sûr, mais on se focalise souvent sur le taux
d'intérêt, sans finalement savoir quelle différence cela fait sur une
mensualité. Pour fixer les idées, disons que, lorsque l'on emprunte 200.000
euros sur 20 ans, selon que le taux est à 3 % ou 3,5 %, cela fait une
différence de 50 euros sur la mensualité. Ce n'est donc pas énorme, même, si ça
suffit, parfois, à dépasser la limite d'endettement, et à faire refuser le
dossier. De plus, sur la durée, sur les 20 ans, cela fait quand même 10.000 euros. Alors, oui, une hausse des taux aura un impact sur le marché immobilier,
notamment sur les prix, mais tout dépend de l'ampleur de la hausse. Si elle est
limitée à 0,5 point, cela ne se ressentira pas trop, si les taux augmentent de
1% ou plus, le marché risque de mal réagir.
Le marché est déjà atone, il n'a pas besoin de ça.
Non, c'est vrai, encore que l'on sente un léger frémissement
sur les deux premiers mois de l'année. Mais le mouvement reste fragile et à
confirmer.
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