La propriété d'un bien peut se démembrer en plusieurs morceaux. Il y a d'abordl'usage, c'est le droit d'utiliser le bien pour ses propres besoins. En matièred'immobilier, c'est donc le droit d'habiter un logement. Ensuite, il y a les fruits, pour une habitation,c'est la possibilité de louer et de percevoir les loyers. Quand on réunit ces deux "morceaux",l'usage et les fruits, cela donne l'usufruit. Ledernier morceau, c'est ce qui reste quand on a enlevé l'usufruit, c'est ce quel'on appelle la nue-propriété.Investir en nue-propriété, cela veut dire donc que l'on achète un bienqu'on ne pourra pas habiter et dont on ne peut pas percevoir les loyers ? Quelintérêt alors ? Il faut savoir que l'usufruit peut être viager, c'est-à-dire qu'il durejusqu'au décès de l'usufruitier. C'est la configuration que l'on trouve dansbeaucoup de successions. Un des parents, au décès du premier, hérite del'usufruit, les enfants de la nue-propriété. Le parent survivant est donctranquille jusqu'à sa mort. Les enfants n'en récupèrent la pleine propriétéqu'au décès du dernier parent.Mais l'usufruit peut être aussi pour un temps donné. Je peux céderl'usufruit d'un bien pour 15 ans, par exemple. Donc, je vais acheter lanue-propriété d'un bien pour 50 ou 60% de sa valeur, et un autre investisseurva acheter l'usufruit pour 40 ou 50% de la valeur du bien. Et au bout de 15ans, je récupérerai la pleine propriété sans que cela me coûte un centime deplus.Mais mon argent est immobilisé, et en plus je ne vais pas percevoir deloyer ! Vous trouvez ça intéressant ? Oui, parce que l'autre investisseur, va s'occuper de louer le bien et del'entretenir. On pourrait dire que vous percevez les loyers, sous la formed'une réduction de prix, en échange de l'immobilisation de votre argent. Celaprésente trois avantages : vous n'êtes pas imposé sur cette réduction de prix,alors que vous le seriez pour des loyers, vous n'avez pas à vous occuper de lagestion, trouver des locataires, faire les travaux, percevoir, les loyers etenfin, les biens dont vous ne possédez que la nue-propriété n'entrent pas dansl'assiette de l'ISF.Mais quel type d'investisseur est prêt à n'acheter que l'usufruit d'unbien, pour une durée limitée ? Ça se trouve facilement ? Oui, ce sont des investisseurs institutionnels et aussi des bailleurssociaux. Là, tout le monde y trouve son compte. Oui, d'un côté vous immobilisezvotre argent, mais retrouverez, à terme un bien qui vaudra quasiment le doublede ce que vous avez investi, et de l'autre côté, le bailleur social n'investitque 40 ou 50% de la valeur du bien. De plus, le bailleur social a moinsd'argent à investir, il peut acheter de l'ancien, et assurer une meilleurerépartition de ses logements, qui peuvent être disséminés plutôt que d'êtreregroupés dans un seul immeuble ou dans une seule cité.Il y a des pièges à éviter lorsque l'on veut faire ce typed'investissement ?Oui, il faut tout d'abord s'assurer de la valeur du bien. Rien ne sertd'acheter la nue-propriété si vous l'achetez au prix de la pleine propriété !Ensuite, il faut vérifier que le bailleur prend à sa charge tous les travaux, ycompris les gros travaux, et qu'il paie aussi l'impôt foncier. Il faut aussis'assurer qu'il vous rendra le bien en état impeccable. Enfin, il est bon denégocier des pénalités dans le cas où le bailleur vous rendrait votre bien avecretard. Si vous vous assurez de toutes ces précautions, il n'y a pas de piègeet ce peut être une bonne affaire.Mais, finalement, en dehors de l'ISF, cela nous aide-t-il à défiscaliser?Non, ce n'est pas un dispositif de défiscalisation, bien que certainessociétés essaient de vous le vendre comme tel. C'est plutôt un dispositif deréorganisation de votre patrimoine, et un placement.