L'objectif est triple : rapprocher l'école du mondeéconomique et réciproquement, instiller un peu d'esprit d'entreprise dans lesystème, et au bout du compte – et c'est l'obsession du gouvernement – agir enfaveur de l'emploi des jeunes.Ce n'est pas lapremière fois qu'une structure est créée pour rapprocher école et mondeéconomique.Loin s'en faut. Elles ont souvent produit des rapports extrêmementintéressants. Ce fut le cas par exemple du haut comité éducation économieemploi créé en 2001 par Jean-Luc Mélenchon, alors ministre délégué à l'enseignementprofessionnel. Il avait également été à l'origine des lycées des métiers, quise réinventent actuellement en campus des métiers et des qualifications.Mais en dehors de cesstructures institutionnelles, où en est-on des liens entre école et entreprisesur le terrain ?Ils sont nombreux. Au collège via les modules de découverteprofessionnelle ou les stages de troisième, au lycée technologique et bien sûr,encore plus, au lycée professionnel. Idem dans le supérieur, en BTS ou DUTévidemment mais aussi, de plus en plus, à l'université notamment dans leslicences professionnelles. L'Education nationale a en outre signé des dizainesde conventions avec des grandes entreprises ou avec des fédérationsprofessionnelles.Alors où est leproblème ?Il est structurel et culturel. Structurel : vous avez cetteconcurrence entre les CFA privés et les CFA publics et les lycéesprofessionnels, concurrence autour des formations en alternance notamment. Ça nefacilite pas l'information et la communication des élèves et des familles,notamment au niveau du collège. Culturel aussi : la défiance demeure entremonde éducatif et monde économique. Le grand débat sur l'école mené voici dixans par Claude Thélot, auquel un million de personnes avaient participé, cegrand débat avait pourtant montré que les français demandaient à l'école de transmettre desconnaissances et de préparer au monde de l'emploi, à part égale, c'était enquelque sorte fromage et dessert. Mais les représentations ont la vie dure. Etle contradictions culminent autour du deuxième enjeu de cette journée, " l'espritd'entreprise ".**Justement l'Associationjeunesse et entreprise diffuse aujourd'hui les résultats d'un sondage effectué auprèsde 2.000 lycéens et étudiants. Que dit-il ? ** 73% des jeunes interrogés demandent que l'Ecole développe largement legoût d'entreprendre et cette demande émane de tous les types d'étudiants.D'où un certain nombre de propositions. Elles tournentdepuis longtemps et elles imposeraient une véritable révolution pédagogique. Lapremière : sensibiliser les jeunes à la notion de prise de risque. Pour ça , on le sait, le système de notation quiconsiste à enlever des points à partir d'un idéal – le 10/10 ou le 20/20 auqueld'ailleurs on n'accède rarement une fois sorti du primaire - ce n'est pas idéal.Prendre des risques ça veut dire ne pas avoir peur de se tromper, de se fairecasser comme disent les jeunes, surtout publiquement.Ça renvoie à la valorisation de l'échec...Oui, et c'est une despropositions de l'Association. Savoir utiliser l'erreur ou l'échec pour apprendre,rappeler que des grandes découvertes se sont faites en se trompant, que ce n'estpas grave. Beaucoup d'enseignants le font mais un peu dans leur coin. Ce n'estpas la pédagogie dominante. Il y a aussi une éducation des parents à faire.Autre ressort : valoriser les projets personnels.Oui. Là aussi on le répètedepuis longtemps. Les choses évoluent mais lentement. C'est comme sur letravail en équipe. Mais en fait il n'y a guère que les TPE, les travauxpersonnels encadrés, au lycée, pour vraimentillustrer cette volonté. Pour le reste, généralement, on réussit – ou on échoue– seul. Il est très rare que le système éducatif renvoie aux enfants et auxadolescents l'idée qu'une réussite peut tenir à la capacité à coopérer. Unefois encore ça se fait parfois en classe, par exemple avec des exposés engroupe, mais c'est rarement pris en compte dans les examens et concours.Sauf dans lesupérieur...Oui, et au primaire. Mais beaucoupplus rarement dans le secondaire. C'est lié à la fois au découpage entre disciplines,au fait que les programmes n'imposent pas vraiment de travail en commun, c'estlié aussi aux examens. Il faut vraiment creuser pour trouver quelques épreuvesqui valorisent autre chose que la performance scolaire individuelle – les TPEon l'a dit, le sport quand on a une note en contrôle continu qui prend encompte les capacités dans les sports d'équipe. Mais les exemples sont rares.Les derniersaxes de progrès sont plus classiques...Oui, l'alternance, mais qui se heurte en ce moment auxdifficultés de l'économie. Et le développement des mini entreprises ou des juniorentreprises. On est là dans des dispositifs qui existent de longue date, dont l'efficacitéest avérée, mais qu'on peine à étendre. Les 27 membres de ce nouveau Conseilnational Education Economie, queJean-Marc Ayrault et Vincent Peillon viennent d'installer, ont donc du pain surla planche.