Pourquoi les lycéens strasbourgeois n'auront plus d'option musique ?
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Explications avec Christiane Didierjean, professeur
d'éducation musicale au lycée Fustel de Coulanges. Elle fait partie du
collectif d'enseignants, de parents et d'élèves qui dénonce cette situation.
Le texte du collectif :
"En raison de l'application de la réforme Chatel du lycée combinée au non
remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, le Lycée
Fustel de Coulanges, comme d'autres lycées de la Communauté Urbaine de
Strasbourg, est amené à perdre de nombreuses options jusqu'alors offertes aux
élèves. C'est une véritable organisation de la pénurie à laquelle nous
assistons et qui ne semble pas devoir s'arrêter ou s'arrêtera trop tard pour
de nombreux enseignements dits " rares ".
En effet, les règles d'affectation des élèves à l'entrée en Seconde ont été
modifiées afin d'empêcher tout regroupement d'élèves demandant des options
rares. Ces élèves, désormais disséminés dans différents établissements,
ne sont alors nulle part assez nombreux pour justifier localement
l'existence de certaines options, alors que le besoin existe à l'échelle de la
CUS, voire à l'échelle du département. Ce phénomène de non respect des
vœux des familles est amplifié par le fait que le Rectorat a décidé de réduire
le financement, et donc l'offre, d'options, notamment pour la série L.
En réponse à ces suppressions d'options au lycée Fustel de Coulanges, le
Rectorat avait évoqué le transfert de certaines options vers d'autres lycées
de la CUS.
D'une part, on ne peut que souligner l'absurdité du système. Les élèves
suivant actuellement une option en Seconde sont amenés, soit à changer
d'établissement entre la Seconde et la Première (ce dont on peut douter quand on
connaît l'ancrage légitime des élèves dans un lycée à partir de la Seconde),
soit à devoir changer d'établissement uniquement pour suivre une option (ce
qui implique un coût de transport supplémentaire pour les familles dans un
créneau d'emploi du temps sans doute déconnecté de l'emploi du temps habituel
de l'élève).
D'autre part, il n'est pas certain que ces " transferts " soient équilibrés,
les créations étant bien moindres que les destructions d'options. A
l'échelle de la CUS, pour l'ensemble des matières, c'est 28 postes de professeurs
qui sont supprimés à la rentrée 2012, pour seulement 4 créations.
Mais surtout, les annonces faites par le Rectorat de transférer les
options d'un lycée à un autre se sont révélées creuses. Alors que, faisant
confiance à l'institution, retardant le moment d'exprimer nos critiques, nous
avions pris acte de leur promesse d'assurer le maintien de l'enseignement
musical dans un des lycées publics du Bas-Rhin (passant du Lycée Fustel de
Coulanges au Lycée Marie Curie de Strasbourg), nous découvrons avec amertume
que les objectifs gestionnaires ont primé sur la mission de service public
qui incombe à l'Education Nationale : au mépris de la diversité culturelle,
le Rectorat a décidé de ne pas ouvrir cette option en Première à la rentrée
2012, ce qui justifie dès aujourd'hui sa suppression en Seconde, et justifiera
sans aucun doute sa suppression en Terminale à la rentrée 2013. Plus aucun
lycée public ne proposera donc cette option musique dans l'ensemble du département
du Bas-Rhin. Ce ne sont plus seulement des classes que l'on ferme, ou des
heures que l'on réduit, il s'agit ici de la disparition totale d'un enseignement
pour tout un département.
Les décisions prises par les responsables nationaux et rectoraux de
l'Education Nationale conduisent ainsi à réduire la richesse de l'offre de formation
au lycée (en langues et pour les arts notamment). Précisons que dans le même
temps, les établissements privés du Bas-Rhin créent les disciplines "
rares " qui disparaissent des lycées publics. La suppression de
l'enseignement musical n'est qu'une des nombreuses suppressions à craindre
dans l'Education Nationale tant que la logique comptable prévaudra sur les
enjeux de formation intellectuelle et culturelle.
C'est pour cette raison que nous nous élevons dès aujourd'hui contre une
mesure symptomatique des choix politiques passés et appelons le nouveau
ministre de l'Education nationale et le Rectorat de Strasbourg à revenir
d'urgence sur une décision délétère pour l'ensemble de l'Education Nationale.
Le Collectif de :
- Professeurs du Lycée Fustel de
Coulanges
- Professeurs d'enseignement musical du
Bas-Rhin
- Parents d'élèves
- Elèves"
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