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Pourquoi les lycéens strasbourgeois n'auront plus d'option musique ?

Nicolas Sarkozy avait promis que la réforme du lycée n'entraînerait aucune suppression de postes. On a aujourd'hui confirmation que ce n'était pas le cas. Exemple à Strasbourg où les lycéens ne pourront plus suivre l'option " musique ".
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
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Explications avec Christiane Didierjean, professeur
d'éducation musicale au lycée Fustel de Coulanges. Elle fait partie du
collectif d'enseignants, de parents et d'élèves qui dénonce cette situation.

Le texte du collectif :

"En rai­son de l'application de la réforme Chatel du lycée com­bi­née au non
rem­pla­ce­ment d'un fonc­tion­naire par­tant à la retraite sur deux, le Lycée
Fustel de Coulanges, comme d'autres lycées de la Communauté Urbaine de
Strasbourg, est amené à perdre de nom­breuses options jusqu'alors offertes aux
élèves. C'est une véri­table orga­ni­sa­tion de la pénu­rie à laquelle nous
assis­tons et qui ne semble pas devoir s'arrêter ou s'arrêtera trop tard pour
de nom­breux ensei­gne­ments dits " rares ".

En effet, les règles d'affectation des élèves à l'entrée en Seconde ont été
modi­fiées afin d'empêcher tout regrou­pe­ment d'élèves deman­dant des options
rares. Ces élèves, désor­mais dis­sé­mi­nés dans dif­fé­rents établis­se­ments,
ne sont alors nulle part assez nom­breux pour jus­ti­fier loca­le­ment
l'existence de cer­taines options, alors que le besoin existe à l'échelle de la
CUS, voire à l'échelle du dépar­te­ment. Ce phé­no­mène de non res­pect des
vœux des familles est ampli­fié par le fait que le Rectorat a décidé de réduire
le finan­ce­ment, et donc l'offre, d'options, notam­ment pour la série L.

En réponse à ces sup­pres­sions d'options au lycée Fustel de Coulanges, le
Rectorat avait évoqué le trans­fert de cer­taines options vers d'autres lycées
de la CUS.

D'une part, on ne peut que sou­li­gner l'absurdité du sys­tème. Les élèves
sui­vant actuel­le­ment une option en Seconde sont ame­nés, soit à chan­ger
d'établissement entre la Seconde et la Première (ce dont on peut dou­ter quand on
connaît l'ancrage légi­time des élèves dans un lycée à par­tir de la Seconde),
soit à devoir chan­ger d'établissement uni­que­ment pour suivre une option (ce
qui implique un coût de trans­port sup­plé­men­taire pour les familles dans un
cré­neau d'emploi du temps sans doute décon­necté de l'emploi du temps habi­tuel
de l'élève).

D'autre part, il n'est pas cer­tain que ces " trans­ferts " soient équi­li­brés,
les créa­tions étant bien moindres que les des­truc­tions d'options. A
l'échelle de la CUS, pour l'ensemble des matières, c'est 28 postes de pro­fes­seurs
qui sont sup­pri­més à la ren­trée 2012, pour seule­ment 4 créations.

Mais sur­tout, les annonces faites par le Rectorat de trans­fé­rer les
options d'un lycée à un autre se sont révé­lées creuses. Alors que, fai­sant
confiance à l'institution, retar­dant le moment d'exprimer nos cri­tiques, nous
avions pris acte de leur pro­messe d'assurer le main­tien de l'enseignement
musi­cal dans un des lycées publics du Bas-Rhin (pas­sant du Lycée Fustel de
Coulanges au Lycée Marie Curie de Strasbourg), nous décou­vrons avec amer­tume
que les objec­tifs ges­tion­naires ont primé sur la mis­sion de ser­vice public
qui incombe à l'Education Nationale : au mépris de la diver­sité cultu­relle,
le Rectorat a décidé de ne pas ouvrir cette option en Première à la ren­trée
2012, ce qui jus­ti­fie dès aujourd'hui sa sup­pres­sion en Seconde, et jus­ti­fiera
sans aucun doute sa sup­pres­sion en Terminale à la ren­trée 2013. Plus aucun
lycée public ne pro­po­sera donc cette option musique dans l'ensemble du dépar­te­ment
du Bas-Rhin. Ce ne sont plus seule­ment des classes que l'on ferme, ou des
heures que l'on réduit, il s'agit ici de la dis­pa­ri­tion totale d'un ensei­gne­ment
pour tout un département.

Les déci­sions prises par les res­pon­sables natio­naux et rec­to­raux de
l'Education Nationale conduisent ainsi à réduire la richesse de l'offre de for­ma­tion
au lycée (en langues et pour les arts notam­ment). Précisons que dans le même
temps, les établis­se­ments pri­vés du Bas-Rhin créent les dis­ci­plines "
rares " qui dis­pa­raissent des lycées publics. La sup­pres­sion de
l'enseignement musi­cal n'est qu'une des nom­breuses sup­pres­sions à craindre
dans l'Education Nationale tant que la logique comp­table pré­vau­dra sur les
enjeux de for­ma­tion intel­lec­tuelle et culturelle.

C'est pour cette rai­son que nous nous élevons dès aujourd'hui contre une
mesure symp­to­ma­tique des choix poli­tiques pas­sés et appe­lons le nou­veau
ministre de l'Education natio­nale et le Rectorat de Strasbourg à reve­nir
d'urgence sur une déci­sion délé­tère pour l'ensemble de l'Education Nationale.

Le Collectif de :

- Professeurs du Lycée Fustel de
Coulanges

- Professeurs d'enseignement musi­cal du
Bas-Rhin

- Parents d'élèves

- Elèves"

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