Cet article date de plus d'onze ans.

Les MOOCs (cours en ligne ouvert et massif) en VF

Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, présentait ce matin en conseil des ministres sa stratégie numérique.
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
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Le script de la chronique

Elle est baptisée
" FUN " pour France université numérique. Et comprend la création
d'une plateforme de Mooc. Vous ne savez pas ce que c'est ? Eh bien vous
n'êtes pas les seuls : une majorité d'étudiants et d'enseignants du
supérieur l'ignorent. Explications...

Les Moocs, c'est l'innovation dont
tout le monde parle...

La définition d'abord : Massive
Online Open Course.

En français : CLOM, cours en ligne ouvert et massif.

Chaque terme compte.

On commence par le plus simple : cours.

Simple... et compliqué à la fois.

Techniquement, si vous suivez un
Mooc, vous allez d'abord regarder une vidéo, avec un enseignant ou une
animation. Généralement les formats sont plus brefs que pour un cours normal. Ils
sont surtout, quand la chose est bien faite, joués, presque mis en scène. Ce
n'est pas juste un cours filmé.

Jusque-là, pas de grande différence avec des vidéos qu'on trouve déjà
couramment sur internet...

Absolument, y compris d'ailleurs
à Radio France avec la plateforme France Culture Plus, qui diffuse des cours
filmés.

Ce qui vient en plus ce
sont : les données complémentaires, des liens vers des documents
bibliographiques, d'autres vidéos, bref tout un corpus académique. Mais surtout
vous pouvez et devez vérifier  via des
quiz ou des devoirs que vous avez compris le cours. Et un système va
enregistrer votre comportement, identifier vos lacunes, tenter de comprendre
sur quoi vous butez – qu'il s'agisse du contenu à proprement parler ou d'erreurs
de raisonnement par exemple.

Et c'est ça qui est nouveau

Oui. Parce que cela permet une
validation, à terme une certification. Aujourd'hui, en Europe, les diplômes
s'acquièrent par accumulation de crédits – c'est un peu comme des points, il en
faut en moyenne 60 par an. Et ces crédits sont transférables, on les appelle
les ECTS (european credit transfer system).

Donc si je gagne 20 crédits – 20 points  -dans une université, je peux les faire
valoir pour obtenir un diplôme dans une autre.

Oui. C'est ce qui permet la
mobilité européenne. Les crédits gagnés ailleurs vous sont acquis quand vous
revenez en France. Eh bien il suffit d'imaginer la même chose avec nos Moocs et
demain on pourra en partie obtenir son diplôme en validant se cours en ligne.

En ligne... Online en anglais... C'est le 2e " O "
de Mooc...

.. . et il est indissociable du
premier, Open pour Ouvert : ces cours sont gratuits. Aujourd'hui déjà,
demain encore plus vous pourrez accéder aux savoirs les plus variés et les plus
exigeants, dans le monde entier. Que vous soyez étudiant, salarié, demandeur
d'emploi. Que vous soyez en France ou ailleurs. ****

D'où le caractère massif de ces cours, le M de Mooc. ****

Exactement. Là où l'enseignement
traditionnel permet de mettre 500 ou plus rarement 1000 étudiants dans un
amphi, vous pouvez par le biais des Moocs en toucher 10.000 ou 100.000.

Il n'y a pas de limite ? ****

La bande passante. Et le degré de
validation qui est mis en place. Si la validation se fait par des quiz automatisés,
c'est sans limite. Si elle exige une intervention humaine, eh bien là il vous
faut des enseignants. Mais on voit aussi apparaître des dispositifs intermédiaires
dans lesquelles une partie de la vérification est faite par la communauté, un
peu comme sur un forum, par les autres usagers ou par des étudiants plus
avancés, ou encore par des enseignants autres que celui qui délivre le cours.
En tout état de cause on passe à un stade industriel là où le cours physique
reste dans l'artisanat.

Et pourtant, ces Moocs ne sont pas une machine de guerre contre les
enseignants. Ils ne vont pas être remplacés par des machines
****

En tout cas pas pour tout et
certainement pas tout de suite.

Tous les universitaires qui
développement des Moocs vous expliqueront la même chose : c'est avant tout
une façon de réinventer la pédagogie, et de libérer du temps pour faire autre
chose pendant les cours physiques. Daphne Koller, la cofondatrice de coursera,
une des grandes plateformes de Mooc américaine, le rappelle souvent : elle
s'y est intéressée à l'occasion d'une mission qui lui avait été confiée par
Stanford et dont l'objet était de réfléchir à la
manière dont le corps enseignant pourrait faire évoluer ses rapports avec les
étudiants.

Concrètement,
que fera-t-on dans les universités si on suit le cours via un Mooc ?

D'abord, basiquement, on pourra
reproduire l'articulation qui est déjà censée exister entre cours magistral en
amphi et TD ou TP, à savoir vérifier en TD ou TP qu'on a bien compris, revenir
sur ce qui 'na pas été acquis, appliquer les connaissances. Mais on pourra le
faire plus puisqu'on aura libéré des heures de cours au sens habituel.  Ensuite on pourra individualiser l'enseignement.
Les modules de validation qui accompagnent les Moocs, en tout cas les
meilleurs, permettront un suivi personnalisé de chaque étudiant, ce qui est
sinon impossible du moins très difficile actuellement.

Je peux
donc accéder à toute une série de savoirs via mes Moocs et les faires valider.
Est-ce que demain, comme étudiante ou comme salariée, je pourrai composer mon
menu à la carte, voire me passer de diplôme au sens classique ?

C'est une hypothèse. Il suffira pour
cela que des employeurs reconnaissent que le cursus que vous vous êtes mitonnée
a une valeur. Ça ne se fera pas du jour au lendemain mais dans certains
domaines comme l'informatique ça marche déjà un peu comme ça. Mais dans un
premier temps, si la révolution numérique prend, cela va surtout changer la
façon d'enseigner et d'apprendre à l'université et dans les grandes écoles, et
mettre au cœur des préoccupations de tous la question de la qualité de la
relation pédagogique.

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