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Comment diviser par deux le nombre de décrocheurs scolaires

Diviser par deux le nombre de décrocheurs d'ici 2017. C'est l'objectif qu'avait fixé Vincent Peillon. Il pourrait annoncer lors du Séminaire sur la lutte contre le décrochage scolaire, qui va se tenir demain matin à Paris, que cet objectif est quasiment atteint.
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
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Et il y
aurait dans cette annonce une part de trompe l'œil car la division par deux du
nombre de décrocheurs est en fait quasiment réalisée ; sauf accident elle
sera donc tout à fait effective en 2017.

Ça ressemble à un miracle...

Oui. Mais
c'est plutôt de l'arithmétique. Tout dépend en fait de la façon dont on compte.
Ce qu'on arrive à compter, ce sont les élèves qui devraient être scolarisés et
qui ne le sont pas, ils sont environ 150.000. On arrive à les compter soit
parce qu'ils ont moins de 16 ans – âge limite de la scolarité obligatoire -,
soit parce qu'ils ont plus de 16 ans mais s'étaient inscrits dans un
établissement et en ont disparu. Ce sont les décrocheurs scolaires, ils
existent bel et bien. Mais ce qu'on a découvert depuis plus de cinq ans, c'est
surtout qu'on avait du mal à pister ces décrocheurs.

Comment a-t-on fait ?

Tout est
parti d'une des expérimentations lancées par Martin Hirsch, alors Haut
commissaire à la jeunesse. L'idée était tout simplement de créer des
plateformes d'information pour relier rapidement des administrations qui ne se
parlaient pas, pour croiser en fait des bases de données.

Et qu'a-t-on découvert en croisant ces bases de
données ?

D'abord que
le décrochage se joue toute l'année et pas seulement entre deux années
scolaires. Il faut donc compter en flux et pas en stock. Et ce décrochage
commence dès le mois de décembre, parfois dès les vacances de la Toussaint. En
repérant plus vite les jeunes qui décrochent, on a multiplié les chances de les
raccrocher. La vitesse de réaction est fondamentale : dans certaines
académies, les deux tiers de décrochage se jouent " au fil de
l'eau ", un tiers seulement entre deux années scolaires, ce qui change
complètement les stratégies.

Réagir vite, ça suffit à diviser par deux le
nombre de dérocheurs ?

La deuxième chose qu'on a découverte c'est que tous les décrocheurs scolaires
n'étaient pas " dans la nature ". Ça, c'est le croisement des bases
qui le permet. Exemple dans une académie du sud : plus de 10% des
décrocheurs supposés se sont révélés être en contrat d'apprentissage, 15% suivis
par des missions locales, 7% en situation d'emploi – généralement des emplois
précaires et à temps partiel mais des emplois - ; si on ajoute ceux qui
sont accompagnés par Pôle emploi, ceux qui ont déménagé, et ceux qui suivent
une scolarité dans des établissements ne dépendant pas de l'Education
nationale, eh bien on arrive quasiment à diviser par deux le chiffre initial.

Il y a donc une grande variété de situation...

De même qu'il y a une grande variété des facteurs de décrochage. En lycée
professionnel notamment, qui est des lieux de haut risque : le sentiment
d'avoir été orienté malgré soi. Un rapport de
la mission sur l'absentéisme et le décrochage scolaires, remis en 2011
soulignait également " le recours
excessif au redoublement et aux exclusions de cours, utilisées dès
l'apparition d'une difficulté même mineure ou dès le moindre retard , une
tendance à la dévalorisation de l'École
et du travail et l'influence
de l'environnement social et familial ". Au fond, il y a
" décrocheur " et " décroché ", ce qui n'est pas
pareil ; pour le dire vite le premier fait le choix de quitter le système,
tandis que le second en est en quelque sorte expulsé.

En dehors du travail de repérage et
de suivi, d'autres actions ont été mises en œuvre...

Oui. Notamment avec les réseaux FoQualE, ça signifie "Formation
Qualification Emploi ". Ils  rassemblent les établissements et dispositifs
relevant de l'éducation nationale susceptibles d'accueillir les jeunes
décrocheurs. Chaque jeune décrocheur pris en charge se voit proposer une
solution de retour en formation. Il est ensuite accompagné par un tuteur de
l'éducation nationale tout au long de ce parcours de formation. 13.000 jeunes
en ont bénéficié dès la rentrée 2013 et au total 20.000 jeunes pourraient être
raccrochés de la sorte d'ici la fin de l'année.

Tout
cela concerne les élèves qui ont décroché. Que fait-on en amont ?

Deux réponses. La première c'est la
lutte contre l'absentéisme, qui est le signa avant-coureur le plus manifeste du
décrochage. Les mots-clés sont les mêmes : analyser la raison pour
laquelle un élève s'absente pour adapter la réponse – comme le décrochage,
l'absentéisme est multifactoriel - ; et réactivité : là aussi, la
vitesse de réaction est fondamentale. Côté outils, la plupart des réponses
passent par un travail de soutien aux parents, mis en œuvre là encore en
réseau, avec les Conseils généraux puisqu'on parle ici avant tout des années
collège.

Second ordre de réponse, il est plus large, c'est
faire de l'école un lieu plus accueillant, plus attentif à l'élève, tout ce qui
tourne autour de la notion " d'inclusion ". C'est en principe
l'objectif de la loi de refondation. Des axes sur lesquels Vincent Peillon et
Georges Pau Langevin reviendront demain lors ce séminaire sur la lutte contre le
décrochage scolaire qui va se tenir à Paris.

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