Cet article date de plus de dix ans.

APB (Admission Post Bac) 2014 : les nouveautés

J – 7 avant l'ouverture du site internet APB, pour Admission Post Bac. Pour ses concepteurs l'espoir de révolutionner l'orientation en France ; pour ses usagers, un défi qui peut virer au cauchemar... Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur, vient d'ailleurs d'annoncer des améliorations...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (©)

Premier intérêt de ces annonces, elles viennent confirmer ce que les autorités
peinaient à admettre : APB était jusque-là loin de fonctionner
idéalement...

Pourtant au départ l'intention est bonne...

Il
s'agit de rationnaliser les procédures d'orientation après le bac en créant un
portail unique. Il faut dire qu'on revient de loin. Un peu d'histoire - ça
parlera aux 40 ans et plus - : il était un temps où les
inscriptions  à l'université imposaient
de faire la queue devant les facs, parfois pendant la nuit précédant
l'ouverture des guichets. Ensuite, cette fois les trentenaires se
reconnaitront, le minitel est venu au secours avec le système Ravel, mais il
fallait encore effectuer des procédures distinctes selon le type
d'établissement dans lequel on voulait s'inscrire. Puis APB est venu, pour
essayer de tout régler sur une seule plateforme.

Plutôt un progrès donc...

 A
ceci près que l'extrême complexité de notre enseignement supérieur n'est pas
évidente à faire rentrer dans une plateforme. Je ne vais pas lister toutes les
possibilités ouvertes aux bacheliers, mais rappeler qu'il peuvent aller dans
des filières publiques, consulaires, associatives ou privées, pour des cursus
qui durent de deux à cinq ans, sur tout le territoire pour certaines, en
fonction de la géographie pour d'autres, des filières sélectives ou non
sélectives, et quand elles sont sélectives elles peuvent imposer la
constitution d'un dossier ou imposer de passer des concours.

Un casse-tête chinois.

Oui.
Avec en plus des règles à la fois subtiles et absconses quant à la façon
d'ordonner ses vœux.

Car la complexité vient de là : chaque candidat
au bac peut formuler jusqu'à 36 vœux !

Et
cela donc à partir du 20 janvier, et l'ordre de ces vœux compte si bien que les
jeunes et les familles ont le droit de le modifier jusqu'au dernier moment.

Et cet ordre est stratégique.

Il
faut vraiment se renseigner, filière par filière, sur la façon de hiérarchiser
ses demandes, car cela va avoir une influence sur les chances de succès. En
licence universitaire, pour affecter un bachelier, le logiciel prend en compte
l'académie d'obtention du bac, l'ordre des vœux. Et si cela ne suffit pas, un
tirage au sort géré par APB décidera en dernier recours.

Quelles améliorations a annoncé Geneviève
Fioraso ?

D'abord
la création d'un numéro vert gratuit. 100.000
questions sont posées aux rectorats et au ministère chaque année ; il
ouvrira en mars. Ensuite il y a un choix très politique :
" l'université, qui accueille 62% des étudiants, rappelle Geneviève Fioraso,
apparaissait jusqu'ici en dernière place dans les recherches des lycéens. Désormais,
les formations publiques se situent en tête. " En plus, si on ne valide
aucun choix, ce qui est le cas de dizaines de milliers de jeunes, eh bien on
sera désormais automatiquement inscrit à l'université.

Il s'agit clairement d'accroître les nombre
d'étudiants en licence.

Le
nombre d'étudiants augmente, mais cette augmentation se fait au profit des
filières sélectives – y compris universitaires. Si on ôte ces filières, ainsi
que droit, médecine et Staps – le sport -, les premiers cycles universitaires
perdent des parts de marché.  D'où aussi
le lancement d'une campagne de communication à 700.000 euros avec
pour slogan : "l'université, un choix qui me réussit". Et la
simplification des intitulés de licences, qui ont été ramené à 45 pour
améliorer la lisibilité de l'offre.

Diminution du nombre d'intitulés mais augmentation du nombre de
licences sélectives.

C'est ce qu'explique Bernard Koehret, le maître d'œuvre d'APB : " En
licence, il y a trois possibilités. L'université peut décider d'accueillir tous
les étudiants ("capacité maximum"), avoir une capacité restreinte (un
nombre de places limité déclaré par l'université) ou bien être sélective (sur
test, dossier scolaire...) dans le cas où un pré-requis est demandé, par
exemple un niveau en langue ou en sport. Le nombre de licences sélectives a
beaucoup augmenté ces dernières années, passant de 50 à 100 en cinq ans. "
On est donc en train, subrepticement, de glisser vers une généralisation de la
sélection, sauf qu'on ne le dit pas. Et c'est peut-être dommage. D'abord au
plan politique parce que cela pourrait faire l'objet d'un débat public, mais
aussi au plan pratique puisque les élèves qui en ont les moyens scolaires
plébiscitent les filières sélectives ; C'est donc plutôt un argument qui
attire. Il fait d'ailleurs le succès des classes préparatoires.

Dernière nouveauté : APB va gérer aussi les
réorientations en licence.

C'est un autre casse-tête. Mais les étudiants devront toujours remplir un dossier en
parallèle. Attention, je rappelle aussi que les écoles d'infirmières
ne sont toujours pas sur APB, tout comme les IEP (Instituts d'études
politiques) et l'université Paris-Dauphine. Il en va de même d'un certain
nombre d'écoles privées.

Ouverture donc de cet APB nouvelle formule le 20
janvier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.