Affaire de la fillette frappée à l'école : que faire face aux violences éducatives ?
Après la diffusion d'une vidéo d'une fillette frappée dans une école du 15e arrondissement de Paris, beaucoup d’internautes ont été choqués par les cris de la petite fille, dans une souffrance évidente, et surtout par la réaction de sa maîtresse qui perd complètement son sang-froid et qui réagit de manière totalement inappropriée. Marie Danet, docteure en psychologie du développement, maîtresse de conférences à l'université de Lille, estime qu'une telle situation crée un sentiment important d'insécurité chez l'enfant et constitue une source de stress majeure. L’enfant peut aussi se trouver dans un état de sidération.
Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’enfance, – une organisation pour la protection des droits de l'enfant qui a publié en juin dernier son deuxième baromètre sur les "violences éducatives ordinaires", avec l’institut IFOP – estime que cette vidéo montre clairement un cas de maltraitance. Pour elle, la violence éducative dite "ordinaire" (cris, humiliation et coups présentés comme légitimes pour "éduquer" l'enfant), reste très ancrée dans la société française.
Que disent les lois ?
Les lois européenne et française sont très explicites à ce sujet : la violence à l’égard des enfants est strictement interdite. Que ce soit la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1989, ou en France la loi du 10 juillet 2019 – c’est donc très récent – qui stipule que "l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques".
Les États prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence.
Convention internationale des droits de l’enfant
On le sait, la violence a des conséquences durables sur la vie de l’enfant, puis de l’adulte. Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé montre que les enfants victimes de violence ont davantage de risque de développer des problèmes de santé mentale et des troubles du comportement. La Fondation pour l’enfance et de nombreuses autres organisations invitent à ce que la société française opère enfin un grand virage sur ce sujet et change de regard sur l’enfant pour mieux le protéger des violences, dans les foyers comme à l’école.
Quand on parle d’éducation adaptée à l’enfant, la Suède ressort comme exemple et son système éducatif fait figure de modèle en Europe : ce pays a été pionnier dans l’interdiction des châtiments corporels et des humiliations dès 1979. Plus de 40 ans plus tard, d’après des chiffres récents publiés par le gouvernement suédois, une très large majorité de parents est désormais contre les châtiments corporels.
Éducation positive, ou retour de l’autorité ?
La vidéo incriminée montre une situation extrême, qui ne peut pas être assimilée à un quelconque retour de l’autorité sur lequel on peut éventuellement discuter. Malgré tout, on voit bien que ces faits alimentent le débat et, en tant que parents, face à tant d’injonctions contradictoires, on peut se sentir un peu perdus. Certains experts nous appellent à sévir et à isoler les enfants en crise par exemple, d’autres, s’insurgent face à de tels conseils et invitent les parents à la plus grande bienveillance.
Une certitude, la violence dans son sens le plus large est à proscrire. Les enfants ont besoin de cadre certes mais aussi, pour bien grandir, de beaucoup d’affection et d'indulgence de la part des adultes. Il faut collectivement développer certaines compétences psychosociales, comme l’empathie, et les adultes doivent aussi être accompagnés dans la compréhension des besoins de l’enfant.
On peut trouver de l’aide auprès des services de Protection maternelle et infantile ou consulter les ressources mises à disposition des parents et des enseignants sur le site de la Fondation pour l'enfance. Il peut être difficile d'éduquer un enfant, même si les livres pullulent dans les librairies, parce que les théories les plus séduisantes se heurtent souvent à la singularité de chaque enfant, qui est unique. Malgré tout, souvenons-nous du propos du pédagogue anglais Alexander Sutherland Neill, dans les années 60 : "La cruauté chez beaucoup d'enfants vient de celle que leur infligent les adultes."
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