Cet article date de plus d'onze ans.

65% des métiers de demain n'existent pas. L'école est-elle prête ?

Il y a dix jours vous nous annonciez la fin de l'école en 2045, à partir des travaux de prospective d'un think tank américain. On retourne, par étape, en 2045, mais cette fois l'école ne meurt pas...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

Elle ne meurt pas mais elles profondément bouleversée. Je m'appuie
cette fois sur un travail de prospective publié sur le site Regards sur le
numérique de Microsoft
, qui se fait l'écho d'une recherche menée par TFE
Research et Michell Zappa sur l'impact des technologies sur l'éducation.

Première étape, elle nous conduit
en 2016, c'est la " ludification ".

Néologisme français pour " gamification ", en gros le
recours à des mécanismes venus du jeu. Vous savez que tout le monde court après
le moteur du plaisir pour favoriser les apprentissages. Or si on joue c'est
qu'on y prend plaisir mais aussi qu'il existe des dispositifs destinés à créer
l'addiction.

Oui... Dans un jeu vidéo on vous
récompense et on vous défie...

Exactement. Et ça peut se transposer facilement dans le système de
notation ou d'évaluation par des systèmes de scores, de récompenses et de
niveaux de progression. Les outils existent déjà :  jeux éducatifs ; systèmes de badges
récompensant les acquis ; outils de programmation éducatifs...

Certains de ces outils sont
utilisés en dehors de l'école, notamment sur les tablettes...

Oui. Et c'est la deuxième tendance, concomitante, et qui nous
conduirait en 2018, celle dque les auteurs appellent " l'ouverture de
l'information ". " Les pratiques éducatives ne se limitent plus à
l'école, écrivent-ils : les contenus éducatifs se disséminent en dehors du "
silo " physique de la classe, offrant aux élèves une évaluation de leurs
apprentissages dans
différentes dimensions de leur vie.
 " Exemples : les communautés
scolaires en ligne, les leçons en vidéo, les boutiques en ligne d'applications
éducatives, les didacticiels libres, les manuels scolaires numérisés..  Tout cela pouvant conduire à la fameuse
classe inversée : vous apprenez les leçons en dehors de la classe, vous
faites des travaux de groupe, des expériences, vous profitez de séances de
tutorat dans l'établissement.

On va vers la classe numérique

Exactement. Les auteurs ne la voient pas comme un système planifié
mais comme la somme de toute une série d'innovations : il " tend,
disent-ils,à se disperser à travers toutes
les facettes de la classe.
Le numérique en classe, ce serait - du plus
banal au plus exotique : 

  • Des
    rétroprojecteurs 

    • Des tableaux interactifs

    • Du papier électronique et autres cahiers numériques

    • Des tableaux de bord numériques des performances de la classe

    • Des outils de cartographie des connaissances

    • Des surfaces tactiles sur les bureaux des élèves ou les murs de la
      classe 

    • Des technologies pour capter les mouvements de l'oeil, ou les signes
      d'attention, afin d'adapter les activités ou le rythme de la leçon au niveau de
      concentration ? "

A quelle échéance ?

  1. Cela veut dire que cela concernera au niveau du lycée les
    enfants qui sont actuellement en maternelle.

Et pour leurs petits frères et
petites sœurs ?

A l'horizon 2035, ils annoncent la " désintermédiation ",
scénario dans lequel une intelligence artificielle se charge de " personnaliser
la leçon en fonction du niveau de chaque élève, pendant que le professeur se
concentre sur l'enseignement ". Les technologies en jeu :les algorithmes
générateurs de leçons
, assurant également l'évaluation, distribuant
des tâches éducatives et, au besoin, renvoyant l'élève vers le professeur, ou
encore les plateformes d'apprentissage mobile, ou en téléprésence.

Au plan technologique, ça existe
déjà. Pourquoi attendre si longtemps ?

Une des caractéristiques de ce travail, à mon sens, est qu'il prend
en considération la lenteur d'appropriation du changement par
l'institution.  Raison pour laquelle les
auteurs sont beaucoup plus prudents que ceux qui prédisent la fin de l'école en

  1. Cette fois, selon eux, " la rupture entre réel et virtuel, relève
    d'un futur hypothétique, certainement beaucoup plus lointain, dans lequel
    l'accès à l'information serait détaché de toute contrainte physique ". Ils
    évoquent " des lunettes à réalité augmentée ? Des écrans rétiniens ? Une
    réalité virtuelle immersive ? " Mais disent-ils, à ce stade (les années
    2030-2040), tous
    les scénarios sont possibles.

C'est la deuxième fois en quinze
jours que vous vous faites l'écho de ces travaux de prospective. Pourquoi sont-ils
aussi importants ?

Parce que l'idée qui domine dans le monde de l'innovation éducative
aujourd'hui, c'est qu'il y a urgence. Les auteurs de cet article citent en
introduction le Département d'Etat américain du Tarvail selon qui " 65%
des écoliers d'aujourd'hui pratiqueront, une fois diplômés, des métiers qui
n'ont même pas encore été inventés ". " D'où la nécessité,
commentent-ils, d'essayer d'anticiper la manière dont les technologies peuvent
évoluer, et comment nous pourrons les
intégrer dans nos écoles.
 " 

 

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