Profession : reporter. France Antilles au chevet de la Martinique sous Covid
Une quatrième vague virulente. Le nombre de contaminations baisse mais pas celui des victimes. La Martinique confinée enterre ses morts sans trop comprendre les causes d'une telle hécatombe. Pour la presse locale, plus que jamais, informer au plus juste est vital dans un contexte où les croyances l'emportent sur l'analyse des faits. Mélinda Boulai, du journal "France Antilles", était sur le terrain cet été.
Ce 19 septembre est une échéance dans le calendrier du déconfinement, une étape qui porte quelques résultats encourageants sur le plan épidémique. Bien que divisé par deux - référence à la quatrième vague de la pandémie atteint début août - le taux d'incidence reste élevé. Et si les infections baissent, ce n'est pas le cas de la mortalité.
Cette quatrième vague est de très loin la plus meurtrière
Au début de l'été, la Martinique recensait 98 morts depuis le début de la crise sanitaire, au 1er septembre, on en comptait près de 480. L'hécatombe se vit encore au quotidien. Les avis d'obsèques prennent de la place dans les journaux et sur les ondes. Et la presse locale est évidemment en première ligne pour informer sur la situation en temps réel.
Car en dépit de cette mortalité visible, les esprits étaient sceptiques. Il y a un doute sur la tension hospitalière, et Mélinda Boulai, journaliste de France Antilles multiplie alors les reportages à l'hôpital aux urgences, en salle de réanimation, avec les malades, les soignants. Le plus terrible est de constater que les évacuations sanitaires vers la métropole n'ont aucune incidence sur le nombre d'états critiques à l'hôpital Pierre-Zobda-Quitman, le CHU de Martinique, où toute activité de soins a été abandonnée pour traiter les malades du Covid-19, au diagnostic vital engagé.
Au coeur de l'été, France Antilles couvre cette tension hospitalière, les pompes funèbres en crise et les cercueils en rupture de stock, mais dans cette ambiance plombée, les conversations veulent fuir la crise sanitaire et les journalistes sont pris dans ce paradoxe. Informer sans élans anxiogènes alors que les morgues sont dépassées, que les manifestations urbaines font des dégâts et que la polémique autour des vaccins ne cesse d'enfler.
Faiblesse des infrastructures de santé
Vue de la métropole, la virulence de cette quatrième vague serait corrélée au faible taux de vaccination sur l'île. Évidemment, la perception est tout autre sur l'ile. Sont pointés la faiblesse des infrastructures de santé, des motifs impérieux trop laxistes en juin et qui auraient favorisé la propagation du virus. Il y a un tumulte de voix dissonantes que Mélinda Boulai a accompagné, en prenant garde à ne jamais céder du terrain à la désinformation, aussi virale que le virus.
Rester concentré et ne pas se laisser déborder par l'émotion. Toujours vérifier ce qu'elle écrit. Mélinda Boulai vient de naviguer sur un fil sensible entourée par la mort qu'elle devait citer et les instincts de survie qui se dessinaient. Une expérience qui lui rappelle la fragilité de l'existence : "Nous n'avons qu'une vie. Il faut la vivre à fond".
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