Profession : reporter. Comment parler de l’Europe ?
En ce 9 mai, décrété jour de l’Europe, c’est une question que se posent tous les journalistes spécialisés ou en poste à Bruxelles : Comment intéresser le public à la question européenne ? C’est une vérité. Le #Europe ne génère pas d’audience sauf quand il s’agit de dénigrer ou de placer sous accusation.
On la dit opaque, élitiste, technocrate à la mesure des bâtiments austères qui l’hébergent à Bruxelles, illisible et sans repères, métaphore des labyrinthes qui composent les couloirs et les étages. Et voilà qu’une journaliste fait vivre l’Europe à travers les sons de la rue et la voix des jeunes. Elle s’appelle Caroline Gillet. Sa vie étudiante était déjà tournée vers l’Europe alors que son cursus ne l’était pas. Sa passion pour l’Europe ne va pas se formaliser dans les campus, mais dans une mobilité offerte à sa génération par les avions et les bus low-cost.
Caroline Gillet fait vivre l’Europe à travers la voix des jeunes
Erasmus, c’est avant tout une capacité à passer les frontières et rencontrer d’autres cultures. Cette formation de vie, mais aussi intellectuelle va forger sa conscience européenne. Et quand en 2013, la crise de l’Euro questionne l’éventuelle sortie de la France du processus européen, Caroline Gillet s’indigne et trouve inconcevable qu’on puisse imaginer une telle issue.
Alors avec sa complice Aurélie Charon, elles vont questionner le rapport des jeunes Européens à cette idée un peu folle d’une démocratie à 27. Raconter des histoires, des intimités, de ces profils qui font l’expérience de l’Europe tous les jours, sans s’en rendre compte. Mettre en relation des groupes qui ne sont pas d’accord entre eux et ne vivent pas dans les mêmes univers. Faire entendre un tumulte qui conduit à un partage d’expérience par l’expression des nuances, plus qu’il ne divise par ses dissonances.
Et puis, il y a les institutions européennes
C’est un fait de donner à entendre à travers des reportages l’Europe concrète qui vit son quotidien, c’en est un autre de décrypter les enjeux qui animent les débats du Parlement et du Conseil.
Même pour une Européenne convaincue comme Caroline Gillet, entrer dans les bâtiments bruxellois n’est pas si simple. L’aspect repoussant n’est pas une vue de l’esprit. On dirait que tout a été fait pour donner le sentiment aux citoyens que ce monde n’est pas le sien, l’exact opposé de l’esprit originel de l’Union. Et qu’il est facile de penser que des décisions sont prises au-dessus de nos têtes, sans concertation, et déconnectées des réalités du quotidien.
Alors Caroline Gillet force le passage, les portes et visitent les plateaux. Plus le décor est déprimant, plus elle s’y intéresse, en questionnant celles et ceux qui l’animent. De ce langage décodé, il émane une approche plus simple, le recul de la peur et de l’appréhension et l’apparition surprise d’une curiosité.
Pousser d’autres portes
Caroline Gillet est consciente qu’elle est loin d’être eurobéate, mais il y a une place entre les eurobéats et les eurosceptiques, et cette place est celle du débat. C’est par un échange nourri entre les citoyens, par une connaissance accrue du processus européens, une connaissance acquise par une curiosité naturelle que l’Europe pourra grandir, cette Europe imparfaite qu’il faut améliorer.
Dans ce défi, les jeunes sont les premiers protagonistes. Ils doivent se méfier des propagandes populistes qui font de l’Europe la responsable de tous les maux de nos sociétés. Ils doivent aussi agir contre la désinformation qui fait de l’Europe un vecteur porteur de fausses nouvelles faciles à viraliser.
Ce travail, Caroline Gillet l’accomplit dans Foule Continentale sur France Inter, et c’est un ovni dans l’espace média réservé à la scène européenne. Ainsi donc, l’Europe est une chose, ouverte, vivante, sujette à s’améliorer et elle porte une promesse d’avenir.
L'émission de Caroline Gillet du 7 mai 2021 sur France Inter : Lausanne : Sourde, fière et pas prête de se taire avec Manon Zecca. En LSF
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