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Dans les cortèges et les manifestations

Les journées d’action syndicale contre la réforme des retraites ont rythmé les dernières semaines de l’actualité en France. Manifestations, rassemblements, grèves, cortèges, comment les journalistes ont-ils travaillé dans ces contextes qui portent plusieurs vérités ?
Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Kiosque incendié près de la place de l'Opéra, le 23 mars à Paris, jour où il y a eu de nombreux débordements et dégradations. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

Profession reporter avec Benjamin Illy, qui a suivi l'actualité sociale ces dernières semaines. Grand reporter à franceinfo, il a sa méthode sur les terrains mouvants, vivants, que sont les manifestations : il commente ce qu’il voit. Les instantanés qu’il recueille comme les témoignages, Benjamin ne les assimile jamais à des généralités. Pour autant, il essaie de porter les voix les plus diverses sur un même sujet.

Remonter les cortèges, aller des pacifiques aux jeunes les plus radicaux, au plus proche des affrontements, recueillir aussi la parole des gendarmes mobiles, accompagner les pompiers, parler de la colère, du projet, des alternatives. Raconter ce véritable bouillon où tout peut se confondre dans l’éclat d’une colère, et où l’on ne pourrait que retenir les saccages et l’odeur de brulé. Garder sa distance, la polémique sur le maintien de l’ordre brouillé par les évènements de Sainte-Soline, la violence policière d’un côté et des gendarmes pris au piège d’éléments radicaux. La difficulté de relater au plus près ne peut que se faire à la mesure du fait qui se déroule sous les yeux du reporter. Mais ce ne sera jamais une généralité.

Manifestation le 23 mars à Paris contre la réforme des retraites. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

La bascule du 49.3

L’élément qui frappe les journalistes qui ont couvert ces manifestations, c’est l’apparition soudaine d’une colère sourde. Avant le recours au 49.3 et l’intervention télévisée du chef de l’Etat, l’usage de la force était condamné dans toutes les manifestations. Les premiers défilés pouvaient être, surtout le week-end, assez bon enfant. Il y avait de l’inquiétude, de la détermination, des convictions mais pas un climat tendu. Les interviews portaient des voix qui relataient des tranches de vies, des profils, des projections sur sa propre vie en senior, des questions posées aux textes, la pénibilité surtout, les femmes et les jeunes qui s’estiment discriminés.

Et puis après le choix du 49.3, la réaction devient épidermique. Des éléments radicaux en profitent pour rallier la colère, mais ceux qui condamnaient les méthodes de saccage au départ ne sont plus sur la même ligne. On entend : La violence, c’est le gouvernement qui vient de la porter. Les plus pacifiques ont cette désagréable impression de ne pas être entendus / écoutés. Poubelles brulées, jets de projectiles, pompiers empêchés de travailler pour éteindre les incendies.

C’est donc un tout autre climat que les reporters découvrent. Avec pour la plupart des journalistes, un recours aux protections rapprochées pour ne pas être pris dans les affrontements entre police et manifestants. Et se positionner, en dépit des coups, toujours en première ligne pour relater ce qui se passe et ne pas être dépendants des versions des uns, des versions des autres. 

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